Dawn of the Planet of the Hate
Ayant adoré les Origines, qui fut à l’époque une surprise d’autant plus titanesque que j’avais été le voir un peu par hasard, j'attendais forcément beaucoup de cette suite. Se positionnant sur un créneau différent du premier, à l'image par exemple des Deux Tours dans la trilogie de Jackson, film par bien des aspects différents de la Communauté de l'Anneau, Dawn of the Planet of the Apes évolue vers ce qui sera la conclusion de la trilogie, et le début du film originel.
Pour cela, je comprends tout à fait que certains ayant aimé le premier n’aient pas accroché. De même, il me semble logique que ceux n’ayant pas aimé le premier n’aiment pas sa suite, mais en même temps pourquoi aller voir ladite suite si on n’a d’ores et déjà pas aimé le premier volet ? Cela doit relever soit du sadomasochisme, soit d’un besoin primaire et inextinguible de dépenser sa thune, sinon je ne vois pas.
Cette suite se déroule donc « dix ans après », et fait état des relations (légèrement) conflictuelles entre les deux espèces dominantes ayant survécu au virus : les hommes et les singes. Alors oui, certains personnages sont un peu caricaturaux, et certains éléments classiques des blockbusters sont présents (mais il y a peu de véritables clichés je trouve, et aucun de gênant). Mais Matt Reeves prend son temps pour développer son sujet, son univers. Le premier quart d’heure au moins est sans parole, uniquement consacré à la vie des singes, nous montrant comment ils ont bâti leur nouvelle vie et leur colonie au sein de la forêt. Puis c’est au tour du groupe de survivants humains d’être présenté. D’un côté comme de l’autre, les deux espèces ne veulent rien d’autre que survivre, se reconstruire et s’éviter afin de vivre en paix. Sauf qu’évidemment, rien ne va se passer comme prévu.
Mais là où on aurait pu s’attendre à une rapide dégradation des évènements, le réalisateur nous plonge dans l’attente. Je comparais le film aux Deux Tours, et il y a (juste un peu hein) de ça, dans l’attente également : on sait que la guerre va éclater, c’est inéluctable, annoncé dès le titre. Mais Reeves prend son temps, augmentant ainsi la tension. Humains comme singes perdent peu à peu le contrôle, et ce de manière parfaitement logique. La dégradation des relations suit ainsi un processus tragique mais dont l’aboutissement semble inévitable. Et si comme dit quelques personnages sont trop manichéens, ce ne sera jamais le cas des deux camps : c’est bien simple, il est impossible de prendre parti pendant le film. Oui, il y a un « méchant » chez les hommes, mais il y en a aussi un chez les singes. Oui, il y a un héros chez les hommes (c’est d’ailleurs excellent de ne pas avoir choisi de garder les héros du premier épisode : en dix ans de décimation de la population humaine, quelles étaient leurs chances de survie ?), mais il y en a aussi un chez les singes. Et quel héros.
Cesar, campé par un Andy Serkis une fois de plus monstrueux, crève complètement l’écran. Tout dans sa carrure, ses déplacements et ses animations faciales respire la force, l’intelligence et la sagesse. On comprend totalement qu’il soit vénéré par ses sujets et, à vrai dire, il n’est pas seulement le maître des singes, mais aussi le maître du film. De plus, comme largement dit dans d’autres critiques, les FX servent parfaitement ce-dernier, s’intégrant totalement dans les décors sans jamais trop en faire ni surpasser les prestations humaines (étant faits par Weta Digital, ça me redonne d’ailleurs un peu d’espoir pour Bilbo 3).
Au final, Dawn of the Planet of the Apes est un grand divertissement. Il n’est certes rien de plus, mais pouvions-nous en tout honnêteté en attendre plus ? C’est une trilogie de blockbusters et, parmi les blockbusters US, il se place quand même largement au-dessus de tout ce qui se fait actuellement. Sans être doté d’une profondeur incroyable, il est assez intelligent pour prendre son temps, poser une ambiance et les enjeux d’une survie entre deux camps partiellement opposés, et ce sans prendre de parti. Il est assez beau et les effets spéciaux sont assez dingues pour justifier son statut de blockbuster estival, le rythme est soutenu et, pour peu qu’on rentre dedans, on ne s’ennuie jamais. Alors si j’aurais plutôt mis 7+ en tant que simple film, il mérite selon moi bien son point supplémentaire en tant que superproduction.
Petit aparté pour finir, j'ai beaucoup pensé à The Last of Us pendant le film : quelques décors sont totalement identiques (d’autant plus flagrant que le trailer de TLOU Remastered est passé avant la séance), certains passages en semblent inspirés et d’autres le sont indéniablement, comme l’image de fin. On a franchement fait pire, comme référence.