Errare simius est

Attention Spoiler Simien

Très bonne surprise, regorgeant d'un sous texte très actuel, un fond de conflit israélo-palestinien, de la technique de dissuasion par armement nucléaire, et toujours ce parallèle propre à la saga entre les hommes et les singes, et ce qui caractérisent ces premiers à travers les seconds.

Le point négatif du film est le quasi manque d’empathie que l’on ressent envers les humains, menés par un très bon Gary Oldman et un très moyen Jason Clarke fade, avec des expressions intéressantes mais un jeu plat. Cela dit, le manque d’empathie est logique, car les véritables protagonistes sont les singes, et les humains ne sont que la continuité de leurs actions.

Ils vivent entre la ville et le barrage : les humains n’ont pas d’électricité
Ils préviennent de leur potentielle menace : les humains se préparent à la guerre
Ils attaquent la ville : les humains sont capturés
Ils sauvent la ville : il est trop tard, les humains vont riposter

La mise en scène, plutôt convenue et simple dans l’ensemble, nous livre proportionnellement beaucoup de grands moments, servie par une photo sublime et un michael gaccino en très grande forme ! La scène de l’attaque de la ville est juste incroyablement belle, saisissante, colérique, enivrante par le chaos dégagé de cette image terrifiante d’animaux retournant nos armes contre nous, et symbolisant finalement l’impuissance de l’homme face à la Nature.

Les fx nous montrent qu’une nouvelle étape est franchie dans l’ultra réalisme tant il est parfois compliqué de savoir si il s’agit de vrais singes ou de fx. On ne se pose plus la question de savoir si l’on regarde un homme en pyjama vert équipé de capteurs, ce sont des singes.

Le rythme est correct, prenant, loin des archétypes de blockbuster de l’été, ce qui d’ailleurs est plus ou moins le principal reproche vu ici et là. Aux aficionados des Fx superbes avec un rythme très soutenu, je vous recommande Transformers 4, c’est très con, mais il y à beaucoup beaucoup d’action, et les Fx sont eux aussi assez incroyables.

Certes le scénario est « classique », l’évolution des personnages aussi mais pourtant tout le sous texte présent est riche, très actuel. Relations père-fils avec recherche de la valorisation dans les yeux de l’un et de l’autre, technique de la dissuasion par la prévention armée, conflit israélo-palestinien avec l’absurdité de savoir qui a commencé, trahison interne sous forme d’extrémisme quasi religieux-fanatique… Pour un peu, en mesurant bien ma comparaison, il m'a fait pensé à Starship troopers, qui lui aussi en son temps était le reflet de la situation géo politique de son époque.

La société simienne est l’écho du monde des 15-20 dernières années, et en cela, on peut affirmer que ce film a compris son but et le propos qu’il soutient.

Très satisfait, là où le premier film ne faisait que faire rappel à la saga passée, et maintenant très curieux de savoir comment ils vont réussir à traiter la guerre, et quel propos auront-ils à nous proposer.