On passe à une nouvelle génération de singes. Un nouvel opus sympathique alors qu'on y croyait pas.

Ma vidéo critique sur La Planète de Singes - Le Nouveau Royaume.

Avec le rachat de la Century Fox, Disney s’est dit que ça serait une bonne idée de faire une suite à une trilogie qui avait conclu la planète des singes avec César. En vrai, à l’annonce du projet, c’était difficile d’espérer. La bande-annonce avait beau apporter un petit peu d’espoir, il y avait quand même de quoi avoir quelques craintes en pensant que ça allait faire une suite de trop alors que ça a déjà été conclu. A la différence près que là, on suit un nouveau protagoniste qui n’est pas lié à César, ce qui sauve un peu les wagons. Et donc, est-ce que ce nouveau « Planète des Singes » est un échec ? Franchement non, c’est très sympathique. Il y a des fois où on est satisfait de s’être trompé sur notre ressenti avec une bande-annonce, et c’est totalement le cas ici. Sans être au niveau des précédents opus, il faut reconnaître que ce nouvel opus tient la route, mais est-ce que ça tiendra réellement une trilogie ?

Positif

• Noa (Owen Teague) est un jeune singe de la tribu des aigles qui cherche à faire ses preuves auprès de son père afin de le rendre fier. Après la destruction du village, il est déterminé à sauver sa tribu pour rendre hommage à son père et faire ses preuves. Il ne vaut pas César mais c’est un protagoniste intéressant. On s’attache à lui grâce à sa situation qu’on comprend en se mettant à sa place, mais également dans sa motivation de sauver les siens tout en essayant de connaître un peu mieux qui était ce César dont on lui parle. Ça aurait été bien de pousser un peu plus ce trait là mais ça nous fait déjà un protagoniste attachant qu’on a envie de soutenir.
• Raka (Peter Macon) est un singe solitaire qui tente de survivre au monde des singes qu’il connaît tout en continuant de se battre et de croire en ce que César croyait vraiment. Il semble être un fervent admirateur de César et semble beaucoup mieux le connaître que les autres singes qui utilisent son nom. C’est un personnage assez intéressant de part sa personnalité et son envie de vouloir améliorer les choses à travers la philosophie de César, y compris en tant que gardien de la connaissance (chose qui semble avoir été oubliée par les singes ici).
• Nova (Freya Allan) est une jeune humaine qui suit Noa afin de se nourrir et survivre. Elle a l’air assez attachante en vérité quand on la voit au début mais elle a aussi quelques secrets qui surprennent les spectateurs. En tout cas, le personnage a un rôle à jouer dans le développement de Noa par rapport aux humains et c’est intéressant.
• Soona (Lydia Peckham) est une amie de Noa et elle est toujours là pour l’aider et le soutenir quoi qu’il arrive. Elle semble être un peu la love interest malgré que ce ne soit pas explicitement montré. Enfin, même si on la voit peu, c’est un personnage assez attachant sur qui Noa peut compter.

• Proximus (Kevin Durand) est un empereur qui règne sur son royaume avec son armée et qui semble agir au nom de César en capturant des singes et en tuant ceux qui ne lui obéissent pas. Si on ne prend que le départ en tant qu’image, c’est un antagoniste qui se tient assez bien pour ce long-métrage, c’est juste dommage que ça n’est pas duré quand on découvre ses véritables intentions (on y viendra plus tard). En tout cas, pour le postulat de départ, c’est un antagoniste qui vend du rêve.

• Les évolutions qu’on voit le plus ici sont celles de Noa et de Nova. D’un coté, Noa veut prouver sa valeur à son père en allant sauver sa tribu et en devenant plus fort tout en essayant d’apprendre un peu de César. Et de l’autre, on a Nova qui améliore un peu sa confiance envers les singes et semble avoir été un peu marquée grâce à Noa. Ca reste des évolutions intéressantes, plus pour Noa que Nova.

• Les décors sont assez sympathiques pour ce qu’ils proposent. La ville avec des immenses verdures rappelleraient presque le monde apocalyptique de « The Last of us » mais ça reste des décors de très bonne facture. On y voit même des références modernes avec des monuments semblables à notre monde, c’est réellement de bonne facture.

• Le symbolisme est vraiment très bon dans ce long-métrage. La fierté de son père pour Noa, la philosophie de César qu’il essaye de comprendre et d’apprendre malgré une réalité différente, Nova en fonction de l’avancée des choses, sa tribu, l’aigle royal qui le suit… Il y a réellement des éléments de symbolisme très réussis ici.

• Malgré que ça se passe plusieurs générations après César, il faut reconnaître que ça arrive à étendre assez bien l’univers. Plusieurs tribus de singes isolées, des humains qui sont capturés comme du bétail, les nouveaux lieux et personnages… Il y a réellement des bonnes idées qui arrivent à étendre l’univers comme il se doit.

• Le relation de méfiance puis de confiance qui se développe entre Noa et Nova est assez intéressante. On y suit deux personnages de deux univers différents qui se méfient l’un de l’autre mais qui, petit à petit, vont se faire de plus en plus confiance. Par contre, le plus réussi et inattendu, c’est la conclusion entre les deux.

• La photographie est assez agréable dans son ensemble. On a un bon travail de l’image sur la plupart des séquences et ça nous permet d’admirer d’assez beaux visuels qui feraient quelques beaux tableaux de temps en temps (surtout avec les décors).

• La mise en scène s’en sort bien pour ce qu’elle propose, elle arrive à convaincre sans difficulté et à faire comprendre ce qui se passe à l’écran sans problème. Franchement, Wes Ball s’en est réellement pas trop mal sorti avec la mise en scène ici.

• La fin est un peu annonciatrice d’une suite mais c’est une fin correcte. Après tout ce qui s’est passé, on sent que la fin arrive à conclure un certain point de l’histoire et va se concentrer sur un autre dans un prochain opus.

• Les musiques sont sympathiques, on les retient surtout quand on les entend avec ce qui se passe à l’écran mais ce sont des musiques sympathiques. Dommage qu’elles ne restent pas trop dans notre mémoire après le visionnage.

• On ne dirait pas mais la tension est efficace dans l’ensemble. On arrive à réellement avoir un peu peur pour Noa, sa tribu et son entourage en fonction de certaines scènes, ce qui fait un peu plaisir.

• On est un petit peu surpris par certains éléments du film. Franchement, pas mal de scènes nous montrent des petits éléments qu’on ne suspecte pas si on ne se pose pas de question.

• Les effets spéciaux sont pas mal. Évidemment, ce ne sont pas les plus beaux existants mais on ne peut pas nier que c’est d’assez bonne facture pour ce que ça propose.

• Les costumes et chara-designs sont pas mal. On a un peu de travail qui offre des costumes efficaces qui définissent bien les différents personnages qu’on voit.

• Le jeu d’acteur est plutôt bon. Qu’on suive les acteurs et actrices en singes ou les humains, on peut voir que le jeu d’acteur s’en tire plutôt bien

Négatif

• Le long-métrage démarre par César qui se fait brûler sous les yeux des autres singes avec un texte nous expliquant ce qu’il a inspiré. Même si c’est un hommage sympathique, ce n’était peut-être pas la meilleure chose à faire. On avait compris que ça ne pouvait pas être sur César à nouveau et vu que le protagoniste est lié à lui, il aurait peut-être mieux valu trouver une introduction plus adaptée. Même si, encore une fois, ça reste un hommage sympathique.

• Vous voyez le passage où Anaya a peur et n’ose pas suivre Noa pour tenter d’entrer dans le bunker ? Et bien elle ne sert à rien. On voit venir qu’il va changer d’avis mais il change d’avis 1 à 2 minutes après comme si de rien était, ça servait à quoi de faire ce passage alors ? Ou alors, ils auraient du montrer la mère de Noa qui n’ose pas le suivre par peur, là ça aurait été plus cohérent.

• Une scène est un petit peu étrange. Quand Noa appelle Nova dans le champ où elle est cachée pour essayer de la sauver, comment ça se fait que les singes qui la cherchent ne l’entende pas ? Et même si ils ne l’entendent pas, vous allez nous faire croire qu’aucun des soldats n’a regardé dans sa direction en cherchant pour le voir ? Il ne faut pas exagérer non plus.

• On nous vend un empereur qui agit au nom de César pour faire tout ce qu’il fait, capturer des singes, piller des villages, chasser des humains, exploiter de la main d’œuvre pour, au final, une raison un petit peu discutable. Sans spoiler, on passe d’une promesse de départ intéressante à une motivation un peu trop classique et discutable.

• La dichotomie entre Noa et Proximus n’est pas très intéressante. On a juste une bonne personne qui veut sauver son peuple et un empereur qui exploite son peuple pour ses désirs personnels. Ça fait une dichotomie pas trop mal mais on est loin de la dichotomie César – Koba qui était bien plus marquante et développée.

• Le coup du singe méfiant et de l’humaine qui se rencontrent et vont nouer une relation de confiance, ce n’est pas la première fois qu’on voit ça dans un film. Y compris le coup du village détruit que notre protagoniste va vouloir venger / sauver. Ça reste bien développé et bien fait mais ça sent un petit peu le réchauffé.

• Question émotion, on est pas réellement investi. Malgré qu’on s’attache à Noa, on arrive pas à être pleinement investi dans l’émotion voulu envers lui dans ce long-métrage, ce qui est un peu regrettable.

• Raka est un bon personnage du long-métrage mais ce qu’ils en ont fait, c’est un petit peu regrettable (PARTIE SPOIL pour plus de détails).

Au final, ce nouveau film La Planète des Singes est sympathique malgré qu’il n’arrive pas à la cheville de la précédente trilogie. Malgré ça, c’est tout de même un nouvel opus qui s’en sort assez bien pour ce qu’il propose sans trop se reposer sur ses acquis. On a une mise en scène bien gérée, des effets spéciaux travaillés, des personnages intéressants (surtout notre protagoniste), des musiques pas trop mal et du symbolisme très efficace. Après, il est vrai que la dichotomie n’est pas si réussie que ça, tout comme l’antagoniste sur ses véritables motivations, que certaines scènes sont un peu discutables sur les choix scénaristiques et l’émotion n’est pas vraiment au rendez-vous. Enfin, ce nouveau film s’en tire quand même pas trop mal et vaut le coup d’être visionné au cinéma.