Cette nouvelle saga/remake/reboot/préquel (on ne sait plus vraiment) est définitivement une aberration dans le petit monde des blockbusters hollywoodiens modernes.
La franchise simiesque lancée par Rupert Wyatt il y a maintenant 6 ans et complétée par Matt Reeves n'a eu de cesse d'éviter les sempiternels "bigger and louder" de rigueur dans ce type de production et de chercher le sensationnel à tout prix.
Les personnages sont au cœur de l'histoire ; Matt Reeves et ses scénaristes préférant toujours un climax doux/amer plutôt qu'un déluge d'effets et un échange de regards plutôt que de longs dialogues explicatifs.
Pourtant les prouesses techniques sont bien là. Le réalisme des singes n'a eu de cesse de progresser au fil des films pour atteindre, dans ce dernier opus, un niveau complétement perturbant.
Dans suprématie, il n'y a plus de place au doute, Caesar, Maurice et ses congénères sont bien là. Nous pourrions les toucher et les sentir ; ils courent, se battent et respirent. Leurs yeux transpirent une humanité jamais atteinte par leurs homologues humains.
Évitant tout manichéisme, traitant à égalité la mort des personnages humains et singes, justifiant les motivations des antagonistes jusqu'à nous questionner directement sur ce qui est juste ou ne l'est pas, le film réussi même le tour de force d'imposer le langage des signes comme ligne de dialogue naturel.
Une aberration, on vous dit...