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La SF d'anticipation est un genre très prisé des réalisteurs prétentieux, qui étalent à longueur de scènes ce qu'ils croient être de l'intelligence et des idées géniales, dans un cinéma ennuyeux et/ou violent, que le spectateur est prié d'applaudir sans y avoir rien compris.

"El Hoyo" ("Le trou") en est la parfaite illustration. S'ouvrant sur une idée intéressante, portée par une belle photographie, sur fond de pessimisme social très convenu (que voulez-vous ma p'tite dame, "l'homme est un loup pour l'homme" !) qu'on veut bien lui pardonner (au moins durant les 50 premières minutes, histoire de voir ce qu'il va en faire), il a tout pour mettre le spectateur en bouche. Cette plateforme de repas qui descend d'étages en étages, gavant les premiers servis et ne laissant à ceux d'en bas que l'alternative de mourir ou s'entretuer pour survivre est une illustration crue du capitalisme et de la violence qu'il génère.

On attend de voir comment le réalisateur va traiter son sujet.


Sont alors développées les différentes et classiques variations sur ce thème dans une situation d'enfermement sans échappatoire : meurtre, violence, domination, soumission, suicide, entraide intéressée (exit la morale Kantienne qui n'a de valeur que désintéressée). Comme dans les autres films du genre (on pense bien entendu à "Cube"), la compassion, l'intelligence, le respect de l'autre, la solidarité ne sont pas des solutions que les humains cherchent à mettre à oeuvre avec beaucoup d'opiniâtreté, occupés qu'ils sont à se dévorer entre eux. Et si elles sont évoquées, ces options sont rapidemment écartées dès que pointe le moindre échec.

Comme dans la scène avec cet homme noir équipé d'une corde, métaphore marquante de l'ascension sociale, proposant à ceux du dessus de l'aider à monter, pour sortir ensembles par le haut, et se faisant chier dessus, au sens "propre", si je puis dire, comme au sens figuré.

Pessimisme facile qui voudrait se servir de la violence de notre époque comme justification: "Regardez, je n'invente rien"... Hélas, c'est bien là le problème.


Le réalisateur, qui joue avec son idée comme un enfant avec son hochet, se retrouve au bout d'une bonne heure dans l'impasse du "pourquoi ?" et du "comment ?", auxquels il faut fatalement bien apporter une réponse.

Car il ne suffit pas lancer de jolies balles en l'air, encore faut-il savoir les rattrapper.


Hélas, ne sachant plus que faire de son idée après en avoir épuisé les différentes variations sur le mode caricatural et violent, ni comment lui donner un sens, notre réalisateur botte en touche et verse dans un symbolisme obscur que le spectateur sera prié de ne pas vouloir éclaircir, en nous martelant une phrase imbécile en guise de conclusion, qui ressemble surtout à une échappatoire.


Facile et frustrant comme un mauvais numéro de cirque.

Ours-Bondissant
4
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le 18 août 2025

Critique lue 4 fois

Ours-Bondissant

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