Ce film, c’est un conte et l’action se situe quelque part en Europe. Or si je fais le compte des contes européens qu’on a pu me conter depuis ma plus tendre enfance, le bilan est globalement terrible. Infesté d’animaux très méchants et grouillant d’ogres et de vilaines sorcières (même si Disney me les a faites sexy car chez lui le sexe était vilain) ce monde me propose qui ? Cendrillon préfigure les Thénardier, Barbe-Bleue est bien pire que Barbe-Noire le pirate, les contes de Grimm ne sont jamais très loin du crime, sans parler des Contes du Lundi qui ne parlent que de la guerre ou des Contes Cruels de Villiers de l’Isle-Adam qui portent si bien leur titre. Et pour finir, j’ai quoi ? Une Petite Marchande d’Allumettes qui perd une marchandise plus précieuse, on y vient gentiment mais sûrement, que ce que tout marchand peut vendre, à savoir sa propre vie.
Ce film, c’est un conte et cette forme est au fond peut-être la meilleure pour, d’abord frapper l’imaginaire à propos du sujet, et ensuite, chose rare et même peut-être grande première, couper l’herbe sous le pied des révisionnistes en disant avant eux que certains vous diront que… c’est un conte.
Oui, cette forme est peut-être meilleure, si l’on peut dire, pour parler de la chose, que le documentaire comme Nuit et Brouillard ou Shoah plus tard, et enfin la fiction comme le font toute une liste de films avant et après La Liste de Schindler.
Cette forme, c’est l’animation ou, comme j’ai toujours dit, enfant et même adolescent, le « dessin animé ».
Et la force de cette forme ici, d’où voulez-vous qu’elle vienne sinon de sa beauté ?
Parce que, si d’une part, dans ce film-ci, l’histoire est triste évidemment, le film, quant à lui, est très beau, ce qui est loin d’être évident au départ du projet.
L’histoire, c’est la shoah, bien sûr, mais c’est aussi le train, le train des voyageurs, le train des marchandises et le train des humains traités comme de la marchandise.
L’histoire, c’est enfin l’amour plus fort que la shoah.
p.s. Que l’auteur remercie au générique de fin (dire quelque chose du générique de fin n’est pas « spoiler », n’est-ce pas ?) des Trintignant ou Bérénice Béjo, je peux comprendre, mais pourquoi…Diégo Maradona ?