La Prisonnière de Bordeaux par Christian Attard

C’était une excellente idée que d’avoir associées Isabelle Huppert et Hafsia Herzi dans deux films.

Ces actrices que tout pourrait séparer, ont au contraire beaucoup de similitudes.

À commencer par leur jeu et leur diction.

Lorsqu’Isabelle Huppert a commencé à apparaître sur nos écrans, j’ai été à la fois décontenancé et charmé. Sa fragilité, sa douceur cachaient aussi une force de caractère têtue. Son phrasé n’avait rien de cinématographique ou d'académique, on aurait pu penser, à cette époque, qu’elle jouait faux alors qu’elle n’a jamais cessé d’être elle dans toute son originalité. Le parallèle avec Hafsia Herzi est pour le moins évident.

Ce sont deux actrices qui avancent quoi que disent ou fassent les critiques, suspendues hors de ces contingences. On croit toujours aux personnes qu’elles incarnent.

Il n’en va pas toujours de même pour les rôles et les histoires qui les structurent. Ici tout semble improbable dès lors que l’on sort de la rencontre de deux compagnes de détenus issues de monde diamétralement opposés. Leur cohabitation seule aurait suffit à rendre le film intéressant s’il n’y avait pas eu et toujours cette nécessité ridicule de vouloir y adjoindre une affaire de vol totalement surfaite. Les seuls regards d’Isabelle et d’Hafsia, l'une sur l'autre, suffisaient , il me semble, à rendre ce film touchant.