En la défense de The Searchers contre les faux procès

Je suis pas un grand fan des westerns, l'espèce de sacralisation autour du pionnier américain et de ces gens qui vivent au milieu du désert ça a plus tendance à me faire souffler. J'ai toujours l'impression qu'ils se ressemblent visuellement et scénaristiquement et ça m'ennuie. Force est de constater que celui-ci sort un peu du lot parce qu'il aborde frontalement un problème mis de coté dans d'autres westerns qui se concentrent uniquement sur les colons.


Force est de constater que beaucoup ont fait un procès à ce film pour son racisme et sa misogynie j'ai même entendu ça au lycée c'est pour vous dire à quel point ce film occupe une place centrale dans la catégorie "film raciste misogyne fait par un vieux con misogyne dont on aurait bien plus se passer". Je trouve ça ridicule. Le film est beaucoup plus ambigüe que ça et j'ai l'impression que les gens mésinterprètent le projet du film.


Le film se déroule en 1868 et en 1868 le rôle de la femme c'était évidemment pas d'aller refroidir des indiens. Il faut replacer le scénario dans le contexte où il se déroule, à l'époque les femmes n'étaient pas des lourdes terroristes féministes marxistes alors pourquoi lorsque l'on fait un film sur cette période on devrait faire comme si les hommes considérait réellement les femmes ? N'est-ce pas mieux de rappeler ce qu'elles étaient à l'époque ? Je dis pas que c'est bien ou mal ni que John Ford n'est pas misogyne mais je trouve que l'on a trop souvent tendance à attribuer à un réalisateur des comportements pour la simple raison que ses personnages se comporte de X façons et que ce n'est pas directement condamné par le narrateur, le ou la concerné.e et qu'il n'y a pas un avant-propos de 26 minutes sur pourquoi c'est pas bien.


Après il y a le racisme, certes c'est surement une vision complétement erronée des natifs américains qui sont complétement caricaturés comme dans n'importe quel western. Mais le film me paraît largement explicite, le personnage de John Wayne est gangréné par son racisme envers les indiens et il en va jusqu'à presque vouloir dézinguer sa nièce. Même si la conclusion est assez explicite : on tue tout les indiens et tout va mieux; il est évident que le portrait de John Wayne dépeint au cours du film est une image qui incarne tout le mépris du blanc envers ces peuples. Il reste cette idée que la haine de Edwards est absurde et qu'il ne peut pas vivre qu'à travers son idée de vengeance couplé à son mépris puisqu'il finira par y renoncer.


Trêve de blabla moral, il faut le dire : c'est visuellement bluffant et John Ford fait passer des idées à travers la mise en scène comme personne ne le fait. J'aurais jamais cru que l'on puisse autant sacraliser le désert en en faisant un tel objet de désir. Tous ces plans larges qui nous laisse apercevoir l'entendue de ce qui est à conquérir. Tous ces gros plans et ces contre-plongées sur John Wayne qui mettent en avant sa colère et son mépris. Tout ces mouvements de caméra pour montrer l'élan, l'agitation. C'est du cinéma qui parle par l'image, plus par l'image que par les mots et c'est ça qui rend John Ford si important, qui nous fait comprendre pourquoi il a eu tant d'influence.


Et puis il y a quelque chose de beau dans ce film, cette scène de la fin du film où John Wayne porte Natalie Wood symbolisant la résipiscence du personnage de Wayne qui renonce à ses affects racistes et le mépris qu'il a accumulé pour Debbie et montrant un renouveau. Les gens changent, certains ne changent pas c'est ça pour moi le fil conducteur du film. Debbie change en s'assimilant aux natifs, elle change à nouveau lorsque Martin vient la chercher; Edwards change lorsqu'il retrouve sa nièce; Laurie change après s'être sentie délaissée mais change à nouveau lorsque son amour renaît. Ce qui reste c'est l'amour de Martin pour Laurie et c'est particulièrement beau, je trouve.

marx91crime
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le 14 mars 2025

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