Devant un tel film, il y a deux solutions : soit on coupe net au bout d'un quart d'heure, comprenant bien vite à quoi on a affaire, persuadé que l'on ne va pas supporter la tonne de guimauve promise et les lourdeurs terribles de ce qui s'annonce d'emblée comme un gros mélo d'un autre âge ; soit on décide de prendre tout ça au second degré, d'en rire, et on se donne ainsi la chance de peut-être passer un bon moment, à condition d'être dans un bon soir évidemment... Pour son premier film en tant que réalisateur, Russell Crowe a vu les choses en grand et a choisi de chausser ses plus gros sabots. On croirait qu'il a retenu le pire de tous les cinéastes avec lesquels il a pu tourner. C'est dingue ! Ses scènes préférées de Gladiator, ne cherchez pas, ça doit être ces passages sépia particulièrement hideux où l'acteur passe sa main dans les hautes herbes, en repensant à sa femme et à son gosse assassinés, avec une musique plaintive ridicule en fond sonore. La Promesse d'une vie pèse lui aussi des tonnes et des tonnes. On a droit à tout, aucune économie dans les effets, tout est au service d'un style ampoulé que l'on croyait bel et bien éteint : des flashbacks improbables et répétitifs, des ralentis miteux et de très mauvais goût, une musique pleine d'emphase, des grands sentiments en veux-tu en voilà, des décors grandioses ou en carton pâte, etc... On n'est jamais dans l'entre-deux, c'est tout ou rien avec Russell, on aurait pu s'en douter.


L'acteur-réalisateur s'est attribué le beau rôle, il est le water diviner du titre original, le sourcier, le valeureux et pieux australien doté d'un don pour deviner où l'eau se cache dans les sols arides de son pays. Le malheureux vient de perdre ses trois fils dans la bataille des Dardanelles, dont la reconstitution est tout simplement à pleurer. Après la mort de sa femme devenue dépressive au dernier degré, Russell Crowe n'a plus qu'un seul but : retourner en Turquie pour retrouver les restes de ses enfants et les enterrer auprès de leur mère. Une fois arrivé là-bas, le hasard l'amène à séjourner dans un hôtel tenu par une jeune veuve qui a les traits avantageux d'Olga Kurylenko et ne sera pas insensible au charisme irrésistible et à la sensibilité à fleur de peau de ce père brisé... Je préfère m'arrêter là car je serai tenté de tout vous raconter tant c'est too much. Dites-vous que même en plein âge d'or hollywoodien, peu de réalisateurs de la belle époque auraient été capables de transformer ce scénario de malheur en quelque chose de digeste. Russell Crowe, lui, a pondu une daube XXL comme on en croise finalement assez peu, le genre de films à regarder de préférence en groupe, entouré d'autres amateurs de plaisirs déviants, capables de reconnaître le comique involontaire de certaines situations tordantes et d'apprécier chaque facéties de la star omniprésente, derrière et devant la caméra... lire la suite de la critique.

ilaose
4
Écrit par

Créée

le 17 mars 2024

Critique lue 4 fois

Critique lue 4 fois

D'autres avis sur La Promesse d'une vie

La Promesse d'une vie
Behind_the_Mask
7

Sixième sens

En choisissant comme sujet de son premier film le traumatisme australien de la guerre lointaine à Gallipoli, Russell Crowe n'a pas pris le parti de la facilité. Et c'est par le prisme d'un père à la...

le 28 avr. 2015

14 j'aime

4

La Promesse d'une vie
Rcan
8

Russel dans tout sa splendeur !

La Promesse d'une vie, enfin un film qui se démarque des concurrents de par sa prise de risque mais également la faible présence du gros cinéma américain ! On connait évidemment tous Russell Crowe,...

Par

le 18 avr. 2015

13 j'aime

2

La Promesse d'une vie
Frédéric_Perrinot
4

Promesse en demi-teinte

Les acteurs qui passent pour la première fois derrière la caméra font généralement la même erreur, en plus de celle habituelle de vouloir en faire trop, c'est celle de faire un film exclusivement...

le 18 avr. 2015

8 j'aime

Du même critique

Calibre
ilaose
7

Efficace

Un scénario classique ! Deux potes venus de Londres partent en week-end à la chasse dans un coin reculé d’Écosse. Là-bas, un accident de chasse terrible va bouleverser tout leurs plans... Impression...

le 11 août 2018

10 j'aime

3

Egō
ilaose
7

Une belle couvée

Dès sa scène d'introduction, amusante et inattendue, tout est là et le décor est planté, tous les éléments qu'explorera par la suite la cinéaste sont réunis, ne demandant qu'à éclore pour de bon...

le 19 avr. 2022

9 j'aime

Doctor Sleep
ilaose
3

Très mauvais, quelle importance ?

Vous vous souvenez de cette scène du Dîner de Cons et, plus précisément, de ce que Pierre Brochant pense du Petit cheval de manège ? "Très mauvais, quelle importance". Eh bien Doctor Sleep, c'est...

le 2 févr. 2020

8 j'aime

4