Il y a 10 ans, Ron Howard nous donnait à voir, dans un film pas si mauvais que ça, la descente en enfer d'un boxeur dans l'Amérique en crise des années 20.
Cette année c'est au tour d'Antoine Fuqua de s'attaquer au sujet, celui d'une superstar de la boxe qui, à la suite de l'assassinat de sa femme, se voit perdre tout ce qui lui est cher.
D'Antoine Fuqua on pouvait tout attendre. Une bombe à la Training Day, ou une bouse à la Roi Arthur.
Heureusement, avec ce film, on penche plus du côté du Training Day.
Fuqua renoue avec son univers rap et nerveux (Eminem devait à la base tenir le rôle titre) et réalise ici un film puissant, bien Hollywoodien, mais qui ne se plante jamais totalement.
Si les choix scénaristiques sont parfois discutables dans la première partie (le meurtre inutile et inexpliqué du personnage de Rachel MacAdams est extrêmement maladroit), la deuxième partie, plus humaine et sociale vient abandonner une esthétique "clipesque" et outrancière pour se rapprocher de choses plus simples. En effet, la vulgarité et le manque de finesse de la première partie déçoivent et mettent à mal l'intention touchante du film.
Heureusement, la seconde partie relève le tout et vient renouer avec le vrai cinéma.
Forest Whitaker y est pour pas mal, criant de sensibilité et d'humilité (se moquant même de son œil à demi fermé, maintenant caractéristique reconnaissable de l'acteur). Jake Gyllenhaal y est pour pas mal lui aussi. Sa prestation de boxeur est très bonne, mais celle de père un peu moins. Lui qu'on avait connu avec beaucoup de finesse dans ses rôles précédents en manque ici cruellement, interprétant parfois bêtement "un prolo blanc qui se prend pour un Noir" (sic. Première) et peine parfois à convaincre.
Heureusement, ce caractère un peu grossier et bovin sert son jeu lors des magnifiques scènes de combats.
L'esthétique, nerveuse et agitée, toute en gros plan et en image granuleuse, en mouvements brusques et en ralentis, proche d'un (regretté) Tony Scott, est presque toujours convaincante, laissant encore quelques zones du film un peu brouillonne, qu'on oubliera vite, scotché par la puissance de certains plans, comme par exemple la confrontation interne entre des plans immersifs, en vue subjective même, et des plans se rapprochant plus de la chaîne de sport, dualité habile.
La chorégraphie des combats est appréciable, notamment lors des entraînements avec Tick Wills, où le talent de Gyllenhaal se fait remarquable. Celui qui commence à prendre goût aux performances et aux transformations physiques est tout bonnement habité, bestial et terrifiant sur le ring, abandonnant son cerveau pour faire parler ses muscles.
Le film se clôt joliment lors d'un happy end que l'on ne voyait pas forcément venir et qui vient ajouter un sourire de contentement sur le visage des spectateurs à la sortie.


Bref, même si c'est parfois inégal, ça reste un pur et bon divertissement Hollywoodien de qualité, qui s'inscrit sans gros problème dans la grande lignée des films de boxe.

Charles Dubois

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