Devant une bande-annonce coup-de-poing, un montage tranché et une musique qui donne envie de cogner, j'étais convaincue d'aller voir un bon film de boxe à la The Fighter. Il faut l'avouer, Jake Gyllenhaal n'y était pas pour rien dans ma conviction.


Ce dernier joue le rôle de Billy Hope, boxeur reconnu mondialement et riche à millions, qui gagne le titre de champion du monde des mi-lourds à 43 ans. Seulement voilà, ses blessures deviennent, avec l'âge, de plus en plus dures à supporter. Sa femme, Maureen (Rachel McAdams) souhaite qu'il se retire en beauté du milieu de la boxe. Après sa mort, provoquée par une bagarre que Billy a déclenché avec le boxeur Escobar, le boxeur est perdu et ruiné en plus de ça. Il perd la garde de sa fille Leila (Oona Laurence), et se bat alors pour remonter sur le ring et la récupérer, notamment grâce à son nouvel entraineur Titus Willis (Forest Whitaker).


Le scénario tient debout : un homme managé par sa femme se retrouve seul devant ses responsabilités, et tombe. Il n'arrive pas à trouver un équilibre entre une nature violente et une douceur certaine. Loin d'être une brute épaisse (malgré l'imposante et impressionnante carrure d'un Jake Gyllenhaal bien loin du petit gringalet de The Day After Tomorrow), Billy s'accroche à la seule chose sincère qui lui permet de tenir : sa fille. Son dernier combat n'est donc pas seulement un combat de boxe, mais celui de sa vie ; c'est le combat qui lui permettra de se retrouver.


Jake Gyllenhaal est brillant, cette "rage" n'étant pas seulement visible dans son "ventre" mais dans chaque veine saillante de son corps tatoué et bodybuildé, dans chacune de ses plaies et chacun de ses crachas de sang. Rachel McAdams, malgré un rôle de courte durée, rempli le contrat. (Seul point noir pour moi : les dialogues comportent trop de "baby" lorsque le couple s'adresse la parole. On a compris qu'ils s'aimaient, pas besoin de le rajouter tous les deux mots... Et puis, la traduction "bébé" en français, c'est très moyennement mignon) Forest Whitaker est particulièrement remarquable dans son rôle d'entraineur borgne, ou de nouveau "papa" pour le boxeur.


Malgré tout ça, il manque quelque chose. Une certaine densité vers le milieu du film. Le moment entre la perte de Maureen et la décision de Billy de se reprendre en main est trop long. Il se passe des choses, certes, mais on attend un rebondissement, on reste dans l'attente. Soit la prise de conscience de Billy aurait dû être traitée plus en profondeur, dans ses blessures personnelles du passé, soit survolées pour aller à l'essentiel. Là, on reste dans un entre-deux qui n'est pas satisfaisant. C'est ni l'un ni l'autre. On voit cet homme qui se torture, mais on n'est pas permis d'entrer dans les méandres de son esprits, on reste la tête hors de l'eau et on nous empêche d'aller explorer les profondeurs de l'océan. Dommage...
Il manque aussi une certaine attention au niveau des raccords. Et ça passe moyen dans un film de ce calibre ! Pourtant, l'image est bonne, les lumières sont étudiées. Mais enfin, quand dans une même scène on voit 4 faux-raccords de position, on se demande qui était le scripte... ou si il y en avait un. Le plus violent fut une vilaine effraction à la règle des 180°, qui je pense n'était pas justifiée, et qui m'a laissé un goût amer pendant plusieurs minutes...


J'ai donc un avis mitigé et plutôt moyen sur ce film qui me promettait tant et qui n'a pas tenu parole. Je retiens quand même la BO qui exorcise bien la rage que l'on a tous au ventre quelques fois, notamment grâce à Eminem et 50 Cent (d'ailleurs dans le rôle de l'ancien manager méchant de Billy), présents dans cette tracklist 1.

Juliette_Moreau
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le 6 août 2015

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Juliette M

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