Un film d'ambiance et non d'époque

Si vous aimez les films historiques minutieux qui cherchent à être fidèles et à reconstituer aussi bien une époque qu’une trame d’histoire, passez votre chemin, car très clairement vous n’accrocherez pas à La Reine Margot. Patrice Chéreau signe un film proche du théâtre ou de la peinture par les décors réduits et étroits, par la composition des espaces et la répartition des figurants, leurs mouvements et leur palette chromatique. il délaisse consciemment tout un aspect descriptif et chargé d’authenticité typique des films d’époques, pour se concentrer sur les émotions et les ambiances.

La Reine Margot est donc un film déstabilisant, que par moment on peu trouver pauvre, tellement la reconstitution est laissée à son minimum, et l’authenticité des costumes ou éléments de décors laissent à désirer. Mais si on arrive à dépasser cela, on peut se concentrer sur la noirceur du film, son ambiance malsaine et sordide, ses émotions brutes et violentes. Et quelque part la scène du massacre et son lendemain sont très bien mis en scène avec peu d’effets visuels : l’impact émotionnel de cette nuit et de son lendemain est authentique et fort, même si on déplore l’absence de véracité dans la présentation de lieux et des personnes.

J’ai eu du mal à suivre le film dans sa longueur, mais pourtant il m’a fasciné par son âpreté et sa décharge d’émotions. Les acteurs livrent des prestations viscérales et intimistes, où le langage corporel et les élans sont plus intéressants que le fond de leurs dialogues. Premiers comme seconds rôles sont tous à pied d’égalité dans la qualité de leur jeu, et même ceux qui survolent rendent justice d’une certaine manière à leur personnage.