La période 1945-1952, qui correspond à l'occupation américaine du Japon, est généralement considérée comme la plus faible dans l'oeuvre de Naruse. Ce n'est en tous cas pas celle des grands mélodrames du milieu des années 50, et La rue en colère est davantage assimilable à un film noir, avec un aspect documentaire très prégnant sur les difficultés de la vie urbaine, pour des japonais obligés de vivre d'expédients, tandis que la petite criminalité se développe. Le film est le portrait d'un cynique, Sudô, dont la belle gueule lui permet de draguer de jeunes filles riches et naïves, avant de les escroquer. Le personnage est sombre et quasi irrécupérable, malgré un semblant de happy end. Autour de lui, se meuvent une dizaine de personnages, dont sa soeur, sa mère et son meilleur ami, auxquels, tour à tour, le cinéaste offre des scènes importantes, avec cette limpidité et cette rapidité dans l'art du montage elliptique qui est sa marque de fabrique. Il y a notamment un flash back d'une trentaine de secondes, qui se situe pendant la guerre, qui éclaire d'un coup une personnalité sans avoir besoin d'y revenir. Du travail de virtuose. A l'aune de l'ensemble de la carrière de Naruse, La rue en colère ne peut certes pas être considéré comme un chef d'oeuvre. Ce n'est qu'un très grand film.

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le 2 août 2017

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