Dans La sanction, Clint est comme Indiana Jones : il est un prof avec une identité secrète, et qui est désiré par ses étudiantes. On y croit un peu moins qu’avec Indy, néanmoins.
Ce n’est pas un aventurier, mais un alpiniste et un assassin à la retraite, et ce n’est pas un prof d’histoire mais d’art, qui conclut son année en disant que l’art est destiné aux gens cultivés, et que la plupart de ses élèves n’en font pas partie, et… il se fait applaudir (???).
Une élève, inquiète pour ses examens, propose à l’enseignant, Jonathan Hemlock, de faire tout ce qu’il voudra pour améliorer sa note. Comme Clint ne fait jamais ce qu’on attend de lui, il lui répond d’étudier. Mais attention, il lui donne quand même une tape sur le cul en faisant une réflexion comique, car il ne faudrait pas que les spectateurs croient que Clint est une tapette, surtout pas ! C’est d’ailleurs vraiment une préoccupation du film, un ami d’Hemlock lui demande carrément "t’es pas devenu une pédale, hein ?". Et puis ça explique le personnage de Miles, caricature si appuyée de l'homosexuel.
Le film est, évidemment, très misogyne aussi, il n’y a aucun personnage féminin avec plus de deux répliques qui n’est pas une salope, une nympho, ou un objet sexuel. Il y a carrément une jeune femme qui s’appelle "Buns"… (ça va bien avec le chien du gay, qui s’appelle Faggot…)

On comprend vite qu’avec La sanction, on peut dire adieu à la subtilité, c’est un film de beaufs, mais type années 70. Les héros peuvent porter une veste et une cravate qui seraient considérés maintenant comme ringards, avoir de grosses lunettes, mais quand même être des badass, en décochant des répliques qui tuent excellentes.
Un petit florilège : "you don't expect me to just walk out that door, do you, sweetheart? – Either through the door or the window, it’s your choice" ; "My superior wants to see you. – Well, that doesn't limit the field much!" ; "Did he tell you ? – He offered to, but the price was too high – What did he want, then ? – To live."
Et bien sûr, Clint couche avec pleins de femmes, pas du tout réalistes, elles ressemblent surtout à un fantasme de beauf : il y a soit celle qui se glisse dans le lit du héros sans jamais dire un mot de tout le film, soit celle qui sort pleins de répliques chargées de ce qu’on veut faire passer pour de l’esprit, alors qu’il ne s’agit que de propos à l’humour lourdingue, comme celui des mecs.
Le pire, c’est la scène devant le feu de cheminée, où Clint conclut avec cette réplique terrible : "I though I’d given up rape, but I’ve changed my mind" (je crois qu’il va falloir que je fasse une liste des pires pick-up lines au cinéma).
La sanction, c’est vraiment dans le même style que tous ces films à la con qu’a fait Belmondo, sauf que Clint Eastwood n’est pas insupportable, heureusement.

On ne dirait pas en le voyant, mais Hemlock est censé être un sacré tueur. Pour une seule cible, il demande 20000$ et une faveur des impôts, et le commanditaire, le leader d’un réseau d’espionnage, accepte sans négocier. Et pourtant, quand on voit Hemlock faire son travail, on ne comprend pas, à sa première exécution il laisse le temps de se faire repérer avant de tirer, et n’est pas discret du tout.
Sa tâche devient plus dure par la suite, car il doit éliminer une cible à l’identité inconnue, lors d’une escalade du mont Eiger, dans les Alpes, un sommet qu’il a déjà essayé de grimper deux fois, ce qui a failli le tuer.
Durant la préparation, le film est long, bête, et gratuitement vulgaire, comme si tous les personnages masculins avaient un complexe et voulaient prouver leur virilité sous n’importe quel prétexte : un type demande à un ami d’Hemlock s’il peut regarder dans son télescope, et il répond par une menace de lui foutre l’objet dans le cul.
Même l’escalade de l’Eiger est assez ennuyeuse, on ne sent ni tension ni suspicion, et même si les scénaristes essayent de multiplier les évènements qui jouent en défaveur des alpinistes, ça ne marche pas.
Il y a un twist pas mal concernant la raison pour laquelle Hemlock doit tuer sa cible, et deux twists finaux plutôt intéressants, mais c’est tout.

Des éléments du scénario de La sanction ont dû inspirer Les aventuriers de l’arche perdue et Cliffhanger, mais autrement c’est un divertissement purement beauf, c’est con, macho et homophobe (à l’époque, on se faisait pas trop taper sur les doigts en se moquant des homos), et ni Eastwood ni le charme désuet qu’on peut voir dans une œuvre des 70’s ne peuvent totalement sauver le film.
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le 28 août 2013

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Wykydtron IV

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