La Secte
5.9
La Secte

Film de Michele Soavi (1991)

Michele Soavi est un réalisateur qui a fait ses premiers pas sous les yeux de Dario Argento, avant de s’émanciper et de tourner ses propres films de son côté (en conservant Dario comme producteur). Si certaines de ses créations sont devenues cultes (le surprenant Bloody Bird et le cultissime Dellamorte Dellamore), nombre de ses travaux restent de petits films méconnus, dont les noms obscurs n’évoqueront quelques choses qu’aux bisseux les plus passionnés. La setta fait partie de ceux là, et comme on pouvait s’y attendre, l’avis du spectateur restera partagé. D’un côté, le film a d’excellentes idées, mais de l’autre il les disperse dans une histoire un peu vague de secte satanique. Gros sur une petite curiosité bis des années 90.


Et Paf, voilà qu’on nous propulse dans une histoire de secte satanique qui veut donner naissance au fils du Diable, et qui par conséquent doit trouver une femme pour la période de gestation. Et ils n’ont pas mauvais goût, puisqu’ils se tournent vers la personne de Kelly Curtis, joli brin de femme, institutrice et au cœur sur la main (pour accepter sous son toit un clochard qui roule des yeux avec des sous-entendus mystiques, faut être très généreux). Néanmoins, le film réussit à intriguer le spectateur, notamment avec des scènes complètement folles qui attisent l’imagination. L’introduction du film est en cela plutôt réussie, nous offrant direct quelques meurtres gratinés (un hippie satanique qui massacre une communauté peace and love, des citoyens manipulés par le démon qui s’entre-tuent (le coup du pique-pocket qui tire d’une poche un cœur humain…)) et un climat propice à faire une œuvre sympathique, bien que l’on sente la réalisation un peu plus bordélique qu’un Argento. Et le film arrive à tirer quelques épingles du jeu, notamment avec une scène de rêve totalement intrigante (une balade en forêt bien éclairée aboutissant à un chêne recouvert d’objets mystiques sur lequel est attaché une victime sacrificielle) et un égout douteux dont s’échappe un liquide bleu qui n’arrête pas d’aller contaminer l’eau de la demoiselle. Après, le film se perd évidemment un peu, pas souvent très clair sur les motivations de ses sataniques (faire le mal, c’est bien, mais si on connaissait un peu leur plan…) ni sur les symboliques qu’il manipule (le thème des insectes revient souvent, sans qu’on comprenne vraiment pourquoi). En fait, je pense qu’il faut prendre ce film comme un petit divertissement horrorifique tel qu’on le pressentait, et l’on pourra ainsi profiter que quelques scènes bien faites (l’arrachage de visage vous rappellera brièvement la douce saveur d’Hellraiser), même si côté secte satanique, on préfèrera nettement l’excellent La secte sans nom. Finalement, La setta est un petit divertissement attachant, mais lourdement handicapé par des dialogues pas toujours utiles (ni pertinent, bien que certains tentent de planter une ambiance mystique) et par une durée beaucoup trop grande d’une heure cinquante. Clairement, 20 minutes de moins aurait permis de condenser un peu tout ça, mais en l’état, on subira quelques temps morts dont on se serait bien passé. Dans tous les cas, on reconnaitra la patte de Soavi, et pour peu qu’on apprécie le bonhomme, ce film devrait être un moment de détente plutôt agréable. Une bisserie sans prétentions.

Voracinéphile
5
Écrit par

Créée

le 7 déc. 2015

Critique lue 803 fois

5 j'aime

Voracinéphile

Écrit par

Critique lue 803 fois

5

D'autres avis sur La Secte

La Secte
Boubakar
6

Il y a toujours un passage secret dans une maison.

C'est le troisième film réalisé par Michele Soavi, qu'on sent sous forte influence Argentesque. Normal dans un sens, vu que ce dernier produit et coécrit. La secte raconte une rencontre entre une...

le 13 sept. 2020

3 j'aime

La Secte
Seet
7

Drôle d'oiseau

Une jeune femme manque de renverser un vieillard en rentrant chez elle. Elle l'invite à passer la nuit chez elle. Malheureusement il a le manque de tact caractérisé de mourir chez elle, non sans...

Par

le 13 mars 2016

3 j'aime

La Secte
AMCHI
7

Du bon italien dans les années 80 c'est rare

Les 10 premières minutes de La Secte (titre français de La Setta) ne semble pas présager un très bon film, on se dit que l'on va avoir droit à du petit bis italien mais ce film d'épouvante débute...

le 16 juin 2013

2 j'aime

Du même critique

2001 : L'Odyssée de l'espace
Voracinéphile
5

The golden void

Il faut être de mauvaise foi pour oser critiquer LE chef d’œuvre de SF de l’histoire du cinéma. Le monument intouchable et immaculé. En l’occurrence, il est vrai que 2001 est intelligent dans sa...

le 15 déc. 2013

99 j'aime

116

Hannibal
Voracinéphile
3

Canine creuse

Ah, rarement une série m’aura refroidi aussi vite, et aussi méchamment (mon seul exemple en tête : Paranoia agent, qui commençait merveilleusement (les 5 premiers épisodes sont parfaits à tous les...

le 1 oct. 2013

70 j'aime

36