Gérard Oury a mal vieilli. Ce cinéaste majeur de la comédie française, à l’oeil acéré, à la réalisation souvent impeccable, nous livre là, en fin de carrière, un film plutôt moche, au scénario triste de banalité. Malheureusement, on doit en plus se coltiner la mauvaise période de Christian Clavier, celle où il perd la maîtrise de son image et de son jeu, quand il croit être devenu Louis de Funès. La soif de l’or accumule les mauvaises idées et représente un des moments les plus tristes dans la filmographie de ces deux grands artistes du cinéma français.


La seule chose qui tienne à peu près la route dans ce film, c’est le rythme qui reste à peu près potable, assez vif sans être essoufflant, avec une bonne dynamique de comédie et quelques temps de respiration salutaires.


L’histoire est éculée. Molière est déjà passé par là et a fait beaucoup mieux. L’idée peut être excitante : prendre Harpagon et au lieu de le laisser s’exciter dans une unité de lieu, l’obliger à partir en grande vadrouille, sur la route vers la Suisse pour sauver sa fortune en péril, comme de bien entendu.


Hélas, l’idée s’alimente de gags mollassons, sans réelle surprise, ni ruptures aptes à réveiller l’attention, à susciter un vrai rire. L’humour y est bas de plafond. En général, l’humour sur le porte-monnaie ne me touche guère. Sur ce film-là, je n’ai pas le sentiment que l’histoire innove une seule seconde.


La caricature de la pingrerie que nous propose le couple Christian Clavier / Tsilla Chelton est si exagérée que leurs personnages semblent quasi irréels. Les scénaristes en ont sans doute conscience. Il y a une scène pour montrer que le personnage de Clavier n’est pas aussi fou de pognon que ça : il accompagne un gamin perdu en voiture pour éviter de le laisser seul avec le conducteur très louche. Cependant, cela ne suffit pas. L’accumulation reprend de plus belle.


Les acteurs sont au diapason de cette sorte d'urgence et et d’outrance. Catherine Jacob et Philippe Khorsand forment un couple tout aussi avides, cyniques et excessifs en tout. Mais ce n’est rien en regard de l’hystérie du personnage de Christian Clavier. Quant aux personnages satellites, comme Bernard Haller ou Marine Delterme, ils sont presque transparents. La faute à un scénario trop médiocre et déséquilibré, sans aspérité.


Si bien que pour conclure, je dirais avec tristesse que je me suis ennuyé.
Captures et trombi

Alligator
3
Écrit par

Créée

le 13 sept. 2018

Critique lue 701 fois

4 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 701 fois

4

D'autres avis sur La Soif de l'or

La Soif de l'or
Play-It-Again-Seb
3

L'ivresse du pauvre

À partir de La Vengeance du serpent à plumes, la filmographie de Gérard Oury part terriblement en sucette et on peut avancer que ses six derniers films sont des navets en puissance. Cette Soif de...

Par

le 22 avr. 2022

12 j'aime

10

La Soif de l'or
Alligator
3

Critique de La Soif de l'or par Alligator

Gérard Oury a mal vieilli. Ce cinéaste majeur de la comédie française, à l’oeil acéré, à la réalisation souvent impeccable, nous livre là, en fin de carrière, un film plutôt moche, au scénario triste...

le 13 sept. 2018

4 j'aime

La Soif de l'or
S_Plissken
2

Un vieux bronze à l'écran

Raté, mal ficelé, hystérique et pas drôle. Dire que le film est signé par Oury est encore plus incompréhensible ...On peut fermer !

le 21 mars 2013

4 j'aime

3

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

53 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime