Aaah, Zombie Holocaust. Les producteurs italiens sont de sacrés malins. Prenez Fabrizio de Angelis et Gianfranco Gouyoumdjian : un an à peine après avoir financé le premier gros succès du film d'horreur transalpin post-Zombie, L'Enfer des Zombies de Lucio Fulci, les deux lascars se mettent en tête de capitaliser sur deux des plus grosses tendances du moment : les morts-vivants, et les cannibales. Ka-ching :le jackpot, se disent Fabi et Gianni, deux sacrés copains qui n'ont peur de rien.

Je vous brosse le décor : une malédiction vaudou, une île déserte sur laquelle on balance une tripotée de personnages, pour les y laisser se faire étriper par des cannibales antropophages mangeurs d'hommes (ce sont les pires), ceux qui n'attendent même pas que la viande soit cuite, mais se jettent goulûment sur les intestins visqueux de leur proie encore pantelante. Et soudain – choc, terreur, horreur – voilà que débarquent sans prévenir des zombies risibles à la gueule tartinée d'argile dont la voix caverneuse, passée à l'effet chambre d'écho discomobile 1972, résonne dans la jungle hostile.

Probablement destiné à amasser autant de lires que son illustre cousin, La Terreur des Zombies (c'est son titre français) est une bien triste photocopie de son modèle. Le scénario est un concentré de clichés navrants et donc furieusement drôles. La journaliste super ambitieuse qui fera tout pour y arriver mais va se faire génocider avant la fin, l'anthropologue sexy qui va sans arrêt exhiber son cul flasque sans aucune justification scénaristique, les bons occidentaux qui apportent la civilisation à ces cul-terreux d'indigènes, j'en passe et des meilleures.

Du cinéma période colonialiste dans lequel les méchants sauvages cannibales refusent la civilisation, et où les porteurs serviles, tout juste bons à nous infliger des accents ridicules à faire rougir de honte Michel Leeb (superbe VF), meurent évidemment les premiers, de préférence transformés en tartare vivant ou empalés sur des pieds de bambous trois fois trop grands. Malgré tout l'amour que l'on porte au genre et en dépit d'un certain savoir faire - Girolami n'est pas non plus un manchot - Zombie Holocaust n'est qu'un z-movie de plus, ennuyeux et guère original, beaucoup plus goûteux sous l'angle de la parodie non assumée.

Cette musique improbable façon "Animaux du Monde" alors que nos héros débarquent dans la jungle (podom podom), ce malheureux cascadeur transformé en mannequin pendant une chute qui perd un bras sous l'impact de l'atterrissage pour mieux le retrouver le plan d'après, le "soyez prudents", de notre valeureux héros qui de dépit jette violemment sa cannette de bière par terre, dans les fourrés (l'écologie balbutiante, probablement).

Et bien sûr Ian McCulloch, la star de Zombi 2, qui doit lui aussi se demander ce qu'il fout là. McCulloch, le regard mou, les implants capillaires vaguement crédibles, qui n'est d'ailleurs pas la seule chose empruntée au film de Fulci, dont on retrouve ici un plan volé et le décor de l'église. « Cette île cache quelque chose, quelque chose de bien pire que ces cannibales » - un gros plagiat bien dégoulinant, peut-être ?

Véritable étendard du cinéma Z, Zombie Holocaust ne s'embarrasse évidemment pas de ce gros handicap nommé "scénario". Nos new-yorkais ambitieux débarquent sur l'île avec la ferme intention de découvrir qui se cache derrière un trafic de morceaux de cadavre, et se font croquer par des cannibales. La blondasse et son pote survivent en affrontant les zombies rapiécés par le docteur local aussi fou à lier que piètre comédien. Bon élève, le réalisateur insiste sur les plans barbaques : voir ce massacre d'un zombie avec un moteur de hors bord, ces étripements et énucléations en live, sponsorisé par les usines de latex et Olida.

Zombie Holocaust, ce sont enfin de précieuses leçons de vie. Saviez-vous par exemple qu'un scalp de blond porté sur la tête doublait votre capacité sexuelle ? Et que quand une gueularde vous ennuie pendant une opération de zombification, rien de mieux que de lui couper les cordes vocales (sic), voire de lui trépaner la calotte crânienne avec une scie dont la lame ne tourne pas ! Zombie Holocaust, c'est aussi, enfin, de beaux moments de cinéma, comme celui où nos deux héros fixent dans la nuit l'usine du mad doctor dévorée par les flammes, avec le regard profond d'une loutre dévisageant une banane.

Chef-d'oeuvre, évidemment.
Prodigy
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le 12 nov. 2010

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Prodigy

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