Une comédie autrichienne, expression qui pourrait aux yeux de certains apparaître comme un oxymore. Pourtant, la bande qui a commis "La tête à l'envers", curieuse traduction de Wilde Maus (les germanistes me reprendront si nécessaire), n'en est pas à son coup d'essai. Et en sortant de la salle obscure, il m'est revenu que j'avais vu il y a une petite dizaine d'année "Bienvenue à Cadavres-les-Bains" (encore une traduction douteuse, certainement) avec à peu près les mêmes acteurs, qui, cela va sans dire, étaient plus jeunes à l'époque.


Comédie, donc, mais très acide, basculant souvent dans l'humour noir. Et surtout une peinture féroce et sans concession d'une certaine catégorie de citadins, disons des classes moyennes aisées. Rien de typiquement autrichien d'ailleurs, nos personnages ne portent pas le short tyrolien. On a un critique de musique classique imbu de sa personne, qui ne supporte pas de se faire virer de son journal, dans le cadre d'un plan de réduction de coûts, non pas à cause du caractère socialement contestable de la mesure, mais parce que cela va à l'encontre de la très haute opinion qu'il a de lui-même. Sa femme, psy-coach-conseillère conjugale, qui picole et s'est trouvée prise, à 43 ans, d'un soudain désir d'enfant. L'un de ses clients, gay, vegan et quelque peu dépressif, qui vient de se faire larguer par son ami. Et puis le rédac'chef du journal, qui roule en coupé Porsche, et n'a pas d'état d'âmes lorsqu'il s'agit de virer son critique le mieux payé pour le remplacer par de plus jeunes salariés. Et tous ces personnages vont se croiser durant l'heure trois quart que dure le film.


En définitive, tout cela apparaît comme la description d'un monde, qui sous des atours civilisés et modernes, est extrêmement violent. Et le film oscille sans cesse entre la violence symbolique et la violence physique, ce qui fait qu'il n'est pas toujours vraiment drôle et peut au contraire parfois mettre le spectateur mal à l'aise. Même si certaines scènes comiques et certaines répliques sont bien envoyées. Un petit regret tout de même : Erich, le personnage censé représenter un milieu moins aisé, est sans doute moins convaincant. Et, à moins que j'ai manqué quelque chose - ce qui n'est pas à exclure - l'histoire des montagnes russes arrive là dedans comme un cheveu sur la soupe.

Marcus31
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vu au cinéma en 2018

Créée

le 1 avr. 2018

Critique lue 646 fois

8 j'aime

7 commentaires

Marcus31

Écrit par

Critique lue 646 fois

8
7

D'autres avis sur La Tête à l'envers

La Tête à l'envers
Vernon79
8

Tout nu dans la ville

Un critique musicale renommé, particulièrement apprécié pour le ton acerbe et ironique de ses articles, est renvoyé du jour au lendemain de son journal, remplacé par une jeune au bon endroit, au bon...

le 13 déc. 2018

5 j'aime

La Tête à l'envers
Fritz_Langueur
8

...ou comment savoir tenir tête à la morosité

Critique musical dans le même quotidien depuis quelques décennies, Georg se voit signifier son licenciement par un jeune cadre de la rédaction. Il ne comprends pas cette décision... et à la menace...

le 4 avr. 2018

5 j'aime

6

La Tête à l'envers
Cinephile-doux
7

A Vienne que pourra

On dit parfois, sous la forme de boutade, que les autrichiens n'ont aucun humour, en se référant notamment au cinéma de Michael Haneke. Josef Hader, star du Stand-up dans son pays, prouve le...

le 9 nov. 2017

3 j'aime

2

Du même critique

Papy fait de la résistance
Marcus31
10

Ach, ce robinet me résiste...che vais le mater

Ce qui frappe avant tout dans ce film, c'est l'extrême jubilation avec laquelle les acteurs semblent jouer leur rôle. Du coup, ils sont (presque) tous très bons et ils donnent véritablement...

le 2 sept. 2015

36 j'aime

5

Histoire de ta bêtise
Marcus31
10

A working class hero is something to be

Un pamphlet au vitriol contre une certaine bourgeoisie moderne, ouverte, progressiste, cultivée. Ou du moins qui se voit et s'affiche comme telle. On peut être d'accord ou non avec Bégaudeau, mais...

le 15 avr. 2019

32 j'aime

7

Madres paralelas
Marcus31
5

Qu'elle est loin, la Movida

Pedro Almodovar a 72 ans et il me semble qu'il soit désormais devenu une sorte de notable. Non pas qu'il ne l'ait pas mérité, ça reste un réalisateur immense, de par ses films des années 80 et du...

le 14 déc. 2021

25 j'aime