La Traversée de Paris par Gérard Rocher La Fête de l'Art

L'action se déroule en 1943 à Paris durant l'occupation. Martin est un brave homme au chômage essayant de se sortir au mieux de cette fâcheuse situation en faisant du marché noir afin de gagner sa vie. Une nuit, il a la mission de livrer à l'autre bout de Paris quatre valises pleines de cochon provenant de la cave d'un épicier peu scrupuleux nommé Jambier. C'est au cours de ce parcours nocturne que Martin fait la connaissance d'un personnage assez mystérieux dont il se méfie: Grandgil. Les deux compères vont alors vivre des moments singuliers en côtoyant toutes sortes de personnes et leur aventure va devenir encore plus périlleuse lorsque, arrêtés par la police ils sont emmenés à la Kommandantur au moment où l'on apprend qu'un colonel allemand a été assassiné.


Ce film signé Claude Autant-Lara et adapté d'une œuvre de Marcel Aymé, jouit d'une grande renommée par sa prestigieuse distribution mais aussi par son sujet traité en forme de divertissement. Et pourtant, ce monument du cinéma français n'est pas aussi simple et innocent. Il nous fait découvrir que durant cette période délicate où, pour certains, la débrouillardise était le maître mot, l'ennemi était partout et pouvait être n'importe qui. Le plus bel exemple que nous offre ce film est la scène dans laquelle Grandgil et Martin entrent dans un bar minable afin d'échapper à une patrouille. Les tenanciers, de pauvres bougres lâches et trouillards, refusent l'hospitalité et c'est alors que Grandgil saccage l'établissement en leur adressant la fameuse réplique " salauds de pauvres ". Par sa description de la société de l'époque on découvre à travers ce film que les résistants n'étaient malheureusement pas les plus nombreux et que les citoyens modestes n'étaient pas toujours les plus braves. En fait, cette réalisation est une satire caustique et virulente prenant pour exemple une population tenue en joue par l'occupant allemand et se révélant être par égoïsme ou par lâcheté aussi dangereuse que l'ennemi lorsque la misère et la crainte sont causes pour certains de soumission.


Dans ce film magnifiquement réalisé, une galerie de portraits défile devant nos yeux et là Jean Gabin et Bourvil, deux personnages totalement opposés, sont grandioses. Martin le chômeur fait du marché noir pour gagner sa vie et Grandgil, le peintre aisé vient avec lui afin de vivre une aventure exaltante. Tous deux, malgré leurs positions sociales opposées vont finir par fraterniser au travers des péripéties qui s'accumulent. Louis de Funès, le célèbre Jambier dans le film, tenait l'un de ses premiers grands rôles et son personnage d'épicier radin terrorisé reste gravé dans les mémoires.


Il faut voir ou revoir cette œuvre magistralement réalisée pour son réalisme, parfois son agressivité, son caractère grinçant et, bien sûr, son interprétation servie par des monstres sacrés de notre cinéma que nous ne sommes pas prêts d'oublier.


EXTRAIT DU FILM :
http://www.youtube.com/watch?v=H93vb61DR-w

Grard-Rocher
8
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Créée

le 1 sept. 2014

Modifiée

le 10 mai 2013

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