le 6 janv. 2017
"Salauds de pauvres !"
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La Traversée de Paris n'est pas un film qui se laisse facilement aimer. De prime abord, les personnages semblent tout simplement odieux (le colporteur et le boucher, respectivement interprétés par Bourvil et Louis de Funès, jouent en ce sens des rôles à contre-courant de leur partitions habituelles) et l'ambiance est lourde et sèche, à de rares occasions interrompue par de petites notes de légèreté qui là aussi vont de pair avec le suspens ambiant, je pense bien sûr à cette séquence des chiens suivant la marchandise à queue-leu-leu et des dialogues qui peuvent être jubilatoires derrière leur aspect corrosif. Bref, le parti-pris du réalisme est prégnant et n'appelle pas la sympathie immédiate.
Mais une fois les intentions dévoilées, ce film sur l'occupation allemande à Paris perçue selon l'angle du marché noir devient tout de suite plus intéressant, avec cet individu (incarné par Jean Gabin, une fois de plus impeccable) faisant équipe avec Bourvil, qui avait caché sournoisement ses motivations, pour ensuite explorer les limites de la médiocrité humaine en de telles circonstances. Comment? En observant les réactions des autres, en les poussant dans leurs retranchements, jusqu'à faire sauter les verrous de la morale en les mettant à nu par ses paroles cinglantes mais terriblement vraies. Un jet de bile projeté sans ménagement à leur figure, atténué seulement lorsque, par la force des choses, une amitié se dessine entre eux, et surtout lorsque le personnage de Gabin assume en quelque sorte les conséquences de ses actes, nécessaires mais quelque peu extrêmes, à travers une scène finale compromettante, assez impressionnante en termes de tension et d'émotion. Je regretterais simplement la présence de ce happy-end qui en atténue l'impact et la subversion, même s'il est loin d'être éclatant de joie, montrant que ce sont toujours les mêmes qui s'en sortent le mieux.
En continuant avec les bémols, je n'étais pas toujours convaincu avec l'interprétation globale (hormis celle de Jean Gabin, égal à lui-même) qui manquait parfois un peu d'authenticité, pas aidée par des dialogues un peu trop écrits. Mais je prendrais plaisir à revoir ce film maintenant que j'en comprends mieux les enjeux. Sinon la réalisation est souvent impressionnante, évidemment durant la traversée nocturne de Paris, magnifiée par une photo et un sens du cadre maîtrisés, mais je retiendrais surtout les gros moments de tension en intérieur, que ce soit avec le cochon, les bars de fortune, ou l'attente au poste de police, où ce qui est suggéré est tout simplement suffocant. Bref, malgré ses petits défauts, c'est clairement recommandable pour sa lecture subversive de l'occupation allemande qui est pour le coup assez originale en offrant un regard peu glorieux sur les occupés français.
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Créée
le 2 mai 2017
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le 6 janv. 2017
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