La Traversée du temps
7.2
La Traversée du temps

Long-métrage d'animation de Mamoru Hosoda (2006)

LA TRAVERSÉE DU TEMPS – LE VOYAGE TEMPOREL REVISITÉ

La traversée du temps (Toki wo Kakeru Shōjo) est un film d’animation japonais sorti en juillet 2006 au Japon et un an plus tard, en juillet 2007 en France. Il est produit par le célèbre studio Madhouse, auteur notamment des séries Btooom! et Highschool of the Dead. Cette production a marqué le tournant de la carrière de son réalisateur, Mamoru Hosada. Elle lui permettra d’acquérir une certaine notoriété et de produire par la suite des long-métrages tels que Summer Wars et Les Enfants loups, Ame et Yuki.

La traversée du temps est la suite d’une nouvelle japonaise extrêmement populaire de Yasatuka Tsutsui. L’histoire originale suit les avantures de la tante de Makoto, qui vécut une expérience similaire durant sa jeunesse. Le lien entre les deux oeuvres n’est pas forcément évident pour le public français, mais les deux histoires se chevauchent.

« TIME WAITS FOR NO ONE »

La traversée tu temps suit l’histoire d’une jeune fille dénommée Makoto et de ses amis Kosuke et Chiaki. A eux trois, ils forment un trio qui passe son temps à jouer au baseball. Makoto est une fille assez excentrique, masculine et tête en l’air. Elle ne fait pas réellement attention à ce qui se passe autour d’elle, et se retrouve souvent dans des situations délicates. Ce quotidien malchanceux, elle le vit sans se soucier de quoi que ce soit.

Le thème du long-métrage est le voyage temporel. Découvert par Makoto, ce moyen de remonter le temps transformera son quotidien malchanceux en une succession de réussites et de moments forts. Dans un premier temps, la jeune fille s’amuse de ses nouvelles libertés, et en profite pour revivre des dizaines de fois les meilleurs moments de ses journées. Ces rapides allers et retours dans le temps vont petit à petit amener de grands changements dans la vie de Makoto. Ses actes vont avoir des conséquences de plus en plus importantes et les dégâts collatéraux vont l’obliger à revivre plusieurs fois la même scène pour corriger ses erreurs. La jeune fille va sentir le poids de ses choix sur ses épaules, et les résultats de ses expériences vont lui ouvrir les yeux sur certaines choses.

ON ÉTAIT PAS LOIN DE QUELQUE CHOSE

On ne tarde pas à découvrir la morale de l’histoire : jouer avec le temps est un acte immoral, et l’auteur finira un jour ou l’autre par être puni. C’est alors que le ton du film change radicalement. On passe d’un univers joyeux et coloré à des notes de piano lourdes, des plans tristes, tragiques. Mais le véritable problème du film ne réside pas là ; s’il s’était achevé sur cette révélation destructive, ma note aurait été bien plus haute.

Cependant, là où l’oeuvre trouve son charme, là où on se dit « Tiens, un long-métrage pour ados finalement crédible », tout s’écroule. Mamoru Hosada tente, veinement, de donner une suite de vingt longues minutes à son histoire finalement pas si mal. Ces vingt minutes laborieuses tenteront de nous offrir une « Happy End » et de nous délivrer un second message puéril et illogique : toutes les erreurs sont réparables. Vingt minutes finales qui feront de ce très bon film un simple blockbuster tokyoïte.

ANIMATION ET BANDE-SON, POUR REMONTER LE NIVEAU

Les décors sont tout à fait honnêtes. Sans partir dans les plans « carte postale » de notre ami Shinkai dans Le jardin des mots, ils restent attractifs et très colorés. Le character design est quant à lui sobre. Et ce n’est pas plus mal : on nous épargne donc les personnages aux coiffures extrêmes et aux déguisements surchargés. Ici, place à la simplicité. C’est un peu ce qu’on apprécie principalement dans le travail de Yoshiyuki Sadamoto.

S’ajoute à cela la légèreté de la bande son, principalement composée de notes de piano. Kiyoshi Yoshida, compositeur que l’on connait très peu, réalise finalement un travail de qualité. On retrouve des morceaux mélodieux et enjoués, puis funestes et tragiques. Une bande-son qui sait se faire discrète et apporter sa touche de simplicité à l’œuvre.

Une histoire touchante qui traite de la jeunesse d’une manière plutôt juste. Même si le thème du voyage temporel est vu et revu, La traversée du temps sait se faire apprécier par sa simplicité et la complicité des personnages. Cependant le film s’éternise. Là où on le pensait achevé d’une manière très cohérente, il nous offre vingt minutes supplémentaires qui n’ont, en réalité, pas lieu d’être. Heureusement, cette erreur est comblée par une qualité de réalisation très fine, simple et incroyablement efficace. Une note qui aurait pu être vraiment plus haute si Hosada avait su s’arrêter quand il le fallait.
Daïchiro
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 4 janv. 2014

Critique lue 3.2K fois

Daïchiro

Écrit par

Critique lue 3.2K fois

D'autres avis sur La Traversée du temps

La Traversée du temps
Eren
8

Un jour sans fin

Auréolé de plusieurs récompenses récoltées dans divers festivals de l'animation, Toki wo Kakeru Shōjo était le seul film de Mamoru Hosoda que je n'avais pas visionné. Quand on jette un oeil à sa...

Par

le 6 août 2013

58 j'aime

15

La Traversée du temps
SanFelice
6

Critique de La Traversée du temps par SanFelice

Après avoir vu et fortement apprécié Summer Wars, j'abordais cette Traversée du temps avec une certaine impatience, d'autant plus que le thème des bouleversements chronologiques me plaît bien...

le 14 juin 2013

38 j'aime

11

La Traversée du temps
takeshi29
7

Hosoda délicieusement light

Si on peut regretter un certain manque d'ambition en terme d'animation, les thèmes abordés et une douce mélancolie confèrent à cette "Traversée du temps" un charme indéniable. Bien sûr il y a...

le 31 mars 2012

34 j'aime

7

Du même critique

The Garden of Words
Daïchiro
8

LE JARDIN DES MOTS – LE NOUVEAU BIJOU DE SHINKAI

Le jardin des mots (Kotonoha No Niwa) est un film d’animation japonais sorti en 2013. Réalisé par Makoto Shinkai, auquel on doit notamment 5 centimètres par seconde et Voyage vers Agartha, le...

le 2 nov. 2013

2 j'aime

Après l'homme - S.A.M., tome 1
Daïchiro
8

SAM, c'est cro' cro' bien !

Bon, j'ai pas vraiment envie de rédiger un pavé ; comprenez-moi, à 15 ans on dort tôt pour se réveiller en zouper forme, afin de passer une interro' tranquille ... Déjà, niveau graphique : Y a...

le 8 mai 2011

2 j'aime

Dirty Love
Daïchiro
1

Critique de Dirty Love par Daïchiro

Une bouse cosmique intergalactique. J'en trouve pas mes mots. On devrait se servir de ce film pour définir la nullité suprême. Incroyablement niais. On ressort le cliché parfait de la nana canon qui...

le 27 mai 2013

1 j'aime