Trois petites années avant le très bon After Hours, Martin Scorsese s'était déjà essayé à la comédie dramatique, et avec quelle maestria !


La Valse des Pantins s'ouvre sur une scène d'hystérie collective autour d'une star de la comédie incarnée par Jerry Lewis - on se demande pourquoi ne pas avoir gardé son nom d'ailleurs - que le personnage campé par Robert De Niro parvient à approcher et à furtivement entretenir de son envie de participer au show du samedi soir qu'il présente. La star lui assure qu'elle le recevra dans son bureau.


Sauf que cet apprenti humoriste à la moustache ridicule, plutôt que de se rôder dans les cabarets, continue de s'entraîner - mais surtout de se rêver - dans la cave de chez sa mère, qui l'héberge encore... Ce qui donnera lieu à des scènes hilarantes où celle-ci lui demandera de faire moins de bruit au milieu de ses portraits de stars et de son public en liesse...


Je n'en dirai pas plus, mais la suite révèlera que ce grand enfant de Rupert Pupkin - nom qu'il ne sera pas difficile de retenir -, est avant tout un trentenaire quelque peu naïf, un fan du "star system" (book d'autographes), peut-être pas aussi stupide que certains le pensent, mais très certainement narcissique et décidé. Le gars ne doute de rien et ne cesse de se faire des films sur sa très prochaine gloire. Un personnage attachant et très bien écrit.


De l'autre côté, Jerry Langford (Jerry Lewis) a bien du mal à ne pas être harcelé dans la rue par ses fans, faisant plus ou moins ce qu'il peut pour les satisfaire, et dont on pardonne le ras-le-bol, mais beaucoup moins son attitude avec le petit personnel... Et ce qui lui coûtera de ne pas honorer sa promesse à Rupert Pupkin - accompagné d'une autre de ses fans - relève quand même du génie scénaristique ! C'est magnifiquement inattendu, jusqu'au-boutiste et bien ficelé...


Vraiment, La Valse des Pantins fait mouche du début à la fin, grâce notamment à l'énième partition du génial et fascinant Robert de Niro. Cette comédie peut même se targuer aujourd'hui d'avoir été visionnaire lorsqu'elle mettait en relief la folie que peut entraîner le désir de la célébrité à tout prix, tellement contemporaine dans ses enjeux avec toutes ses émissions de télé-réalité qui pullulent...
Quant au final, cynique à souhait, il est lui aussi le révélateur d'un aspect du début du millénaire qui suivra : celui du buzz roi...

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le 28 oct. 2015

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RimbaudWarrior

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