La perversion dans la peau.
Puisqu'on accusait Polanski d'avoir fait un film trop théâtral avec Carnage, toute l'action de La vénus à la fourrure se déroule dans un théâtre ! Blague à part, ça faisait longtemps que le réalisateur voulait faire un film où il n'y aurait que deux personnages. Bien entendu, ça a déjà existé, avec comme chef-d’œuvre absolu Le limier, mais j'ai l'impression qu'ici, il a voulu retourner à une certaine forme de minimalisme.
On a ici Mathieu Amalric, qui joue un metteur en scène de théâtre, fatigué de ne pas trouver d'actrice qui pourrait jouer le rôle donnant le nom au film, d'après un livre de Sacher-Masoch. C'est alors que débarque Emmanuelle Seigner, jurant comme une charretier, arrivant en retard et bousculant les conventions de politesse, devant un Amalric sidéré qui, surpris par tant de mauvaises manières, se laisse convaincre de l'auditionner. Il va être surpris, non seulement par la femme mais aussi par la projection du roman sur sa propre personnalité.
Bien entendu, on peut y voir une mise en abime, mais il en reste un film brillant, joué par deux acteurs formidables (le rôle majeur de Seigner ?), qui passent par diverses émotions, et qui est au fond un duel de soumission, de masochisme même, qui ira assez loin. D'ailleurs, le film s'ouvre et se conclut par un somptueux travelling avant puis arrière qui donne toute la clé du film.
Je trouve assez drôle que Mathieu Amalric s'est fait la tête de Roman Polanski période Le locataire et que, mine de rien, le thème de la claustration est encore là, car on ne quittera jamais le théâtre. On pense aussi à Carnage qui était un peu sur le même procédé, ainsi que sur la présence d'un portable qui joue un rôle dans l'histoire, sans oublier un cactus...
Le film a selon moi la durée suffisante, 1h36, et dispose d'une mise en scène en béton armé qui prouve qu'à 80 ans, Polanski reste au top de sa forme. Il en résulte un film assez passionnant, minimaliste sur le fond mais ô combien riche sur la forme.