Kore Eda se plante en changeant de langue et de pays. C'est triste.

Les grands réalisateurs étrangers, lorsqu'ils tournent un film en France, semblent perdre une bonne partie de leur génie. Je ne connais pas d'exception à cette règle, qui a touché Kiyoshi Kurosawa, Asghar Farhadi, Abbas Kiarostami et bien d'autres.


Le mal touche maintenant un de mes chouchou, le japonais Kore-Eda.


Le début de La vérité est en tout point catastrophique : jeu approximatif des acteurs, dialogues artificiels, intrigue inconsistante, erreur de casting, péripéties ridicules, montage à la va-vite, scénario flottant. On a mal pour le réalisateur des formidables Notre petite soeur et Une affaire de famille.


Petit à petit cependant, le film se redresse quelque peu, grâce à une performance encore exceptionnelle de Catherine Deneuve, dont les prestations forcent de plus en plus le respect : au fur et à mesure que son corps s'use, ses sens semblent s'aiguiser.


La subtilité habituelle de Kore-Eda, faite d'une dureté impitoyable mêlée à la tendresse du regard, s'installe en fin de film et on retrouve dans les trente dernières minutes la patte du japonais (par exemple quand le personnage de Juliette Binoche écrit les répliques que prononcent la petite fille). La rivalité féroce des actrices se mêle alors à la douceur acidulée et dépourvue d'ambigüité du personnage de Manon : c'est le Kore-Eda qu'on aime, salé et sucré à la fois.


Malheureusement l'amélioration est trop tardive pour corriger la mauvaise impression du début.


http://www.christoblog.net/2020/01/la-verite.html

Christoblog
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de Hirokazu Kore-eda

Créée

le 15 janv. 2020

Critique lue 225 fois

3 j'aime

Christoblog

Écrit par

Critique lue 225 fois

3

D'autres avis sur La Vérité

La Vérité
AnneSchneider
7

Telle mère, telle fille ?

Après s’être penché sur ce qui fonde l’authenticité du lien père-fils dans « Tel père, tel fils » (2013), Hirokazu Kore-eda, entre temps auréolé à Cannes par la Palme d’Or 2018 pour « Une Affaire de...

le 2 janv. 2020

13 j'aime

5

La Vérité
mymp
4

Navet d'automne

Plus d’un an et demi après sa Palme d’or surprise (tout le monde attendait Cold war, Burning ou Dogman, mais ce fut Une affaire de famille), Kore-eda Hirokazu, sous l’impulsion de Juliette Binoche,...

Par

le 4 janv. 2020

12 j'aime

1

La Vérité
JorikVesperhaven
6

Difficile de trouver la patte Kore-Eda dans cette chronique sur le milieu du cinéma ludique mais ano

Quelle surprise de voir Hirokazu Kore-Eda s’inviter dans le cinéma français et s’essayer à un tournage dans la langue de Molière après avoir reçu une Palme d’or il y a deux ans pour « Une affaire de...

le 28 nov. 2019

11 j'aime

Du même critique

Leto
Christoblog
4

Un film sûr de sa force, et un peu creux.

Leto est un bel objet, qui plaira aux esthètes, aux journalistes de rock, aux défenseurs de Kirill Serebrennikov (le réalisateur du film, persécuté par le pouvoir russe), aux fans d'Iggy Pop, aux...

le 7 déc. 2018

38 j'aime

8

Notre petite sœur
Christoblog
10

Magnifique.

Quel autre cinéaste qu'Hirokazu Kore-Eda est aujourd'hui capable de filmer la beauté du monde ? Depuis que Malick est parti en vrille dans sa trilogie émoliente, la réponse est claire :...

le 28 oct. 2015

31 j'aime

3

Doubles Vies
Christoblog
2

Entre-soi chichiteux

Le dernier Olivier Assayas mêle de façon assez grossière une réflexion lourdingue (et déjà datée) sur la révolution numérique et des histoires quelconques de coucheries entre bobos. Sur le premier...

le 18 janv. 2019

30 j'aime

2