Victime d'un empoisonnement, l'industriel François Donge se souvient, sur un lit d'hôpital, de sa rencontre et de ses dix années de mariage avec Elisabeth, dite Bébé.
C'est donc sous la forme de flashback, tandis qu'on ignore si Donge va s'en sortir, qu'Henri Decoin relate une relation conjugale dans la bourgeoisie de province. D'après Simenon, le film est d'abord une satire assez féroce de la bourgeoisie et de ses mariages d'argent. Sauf que Bébé est probablement sincèrement amoureuse du vieux garçon amateur de femmes qu'est François Donge.
La satire est acerbe et la mise en scène de Decoin est plutôt habile pour évoquer les ressorts psychologiques du drame conjugal. Danielle Darrieux et, surtout, Jean Gabin sont convaincants dans une relation qui commence sur le ton de l'ironie spirituelle ou le cynisme et qui se poursuit dans l'amertume.
Le cinéaste a sans doute un peu de mal à maintenir une intensité dramatique, peut-être à cause du résumé elliptique un peu abrupt de la vie commune des époux Donge, mais sa réalisation n'est pas sans finesse et non-dit, ce qui permet de se détourner du mélo ou d'un mode romanesque appuyé. Et si on peut juger succinct le portrait des deux personnages principaux, l'essentiel de leur relation et du malentendu qu'est leur mariage est bien présenté.