Sur la route de Bourgogne/Bridges of Bourguignonne County.De l'autre côté Du pont,La joie du toyboy

(texte plus clair peut-être si vous avez vu le film)
Résumé: La vie de Tati Couderc (Simone Signoret) se réduit aux tâches ménagères. Alors que son mari et ses enfants sont partis (morts), elle fait la rencontre d'un saisonnier de passage, Jean (Alain Delon).


Tati Couderc me rappelle Francesca dans Sur la route de Madison/The Bridges of Madison County. C'est tourné dans une région appelé: le Mirebellois, "pays de terre et d'eau et de ponts", aussi beaux que ceux de Madison County. Comme Streep regarde Eastwood torse nu se faire une toilette rapide, Signoret regarde Delon se raser torse nu. Tati vit dans une maison de l'autre côté d'un pont-levis.


Et comme Du-pont Lajoie, le film sera l'occasion de rencontrer une brochette de personnages , de bons Français. Un film que je trouve plus subtile et beau que celui d'Yves Boisset que j'aime beaucoup pourtant: tous les deux sont une coupe en tranche de la société Française. (Ces films sont un peu à la société Française, ce que sont les carottes de glace aux pôles: une découpe verticale qui contient des couches de plus en plus anciennes à mesure qu'on s'enfonce vers le centre…).



Au sujet du lieu de tournage, je retrouve sur un blog d'un Fritzsche d'anciennes photos et article:
_"Ici, à Cheuge, pas d'écluse mais un pont-levis. De l'autre côté, une jolie demeure qui hébergeait, dés 1546 un moulin. Dans la cour, Robert et son fils, Arnaud, accompagnés de courageux retapent le pont qui traverse la Vingeanne.
Les fondations d'ancienne maisons restent visibles: "Le canal a tout foutu en l'air" lance Robert.
En panne, le pont-levis, était à l'époque manœuvré par la femme de l'éclusier, Ginette Iscomte"



(des gens qui retapent et/ou essaye de reconstituer cette France?)


En 'un coup':
Le court générique de début présente tous les lieux puis les deux personnages en un coup.
Il est suivi de plans sur des coupures de journaux qui ont servi à emballer et protéger un colis dont les titres lisibles présentent eux tout le contexte politique et national en un coup.
Suivi au premier petit-déjeuner d'un long monologue génial de Signoret qui présente lui tout le passé de toute la famille en un coup.
On est pas 10 minutes dans le film qu'on a, en un plan séquence, un montage d'extraits de journaux et un court monologue, déjà l'équivalent de 5 films et on nous a donné vite fait bien fait, le contexte locale, le contexte national puis le contexte familial.



En 'un coup': Présentation des lieux et personnages en un plan-séquence:



Déjà le générique m'a scotché: filmé de haut (et pas de drone en 1971) qui continue bien après le titre. Il introduit en mode google map en 1971 la région, puis la zone, puis le village dont l'église, les 3 maisons , la rivière et le pont-levis les séparant puis il continue le long de la rivière pour suivre un bus à l'arrière duquel se trouve Signoret et qui jette son tout premier regard sur Delon marchant sur la route. Et enfin seulement enfin, ça coupe une première fois sur les bagages et paquets dont certains sont protégés de journaux...



En 'un coup': Coupures de journaux de 1934 dont on perçoit des bouts de titres et textes mais assez longuement pour lire et établir le contexte général (dont certains sont encore d'actualité en 2019):




_"Il faut briser la menace fasciste".
On a le temps de lire aussi (et on est en 1934...): "Comment nait le fascisme avec l'aide de la politique social-démocrate" (=>2019: populisme en Europe? la social démocratie d'Hollande/Renzi/Macron?)
_"Doumergues acclamé à Paris"
(président du gouvernement d'union nationale lors de la crise créée par les émeutes du 6 février 1934.)
_"Guerre civile. Le sang a coulé à Paris qui a vécu des heures graves" "...combats atroces dans les rues"."07/02/34".
_(sur une manchette en haut à droite, on peut lire dans une oreille sans doute permanente:
"Le sentiment de la justice est celui qui, à toutes les heures de leur histoire, a dominé chez les Français" (Manifeste des universités Américaines, Chicago 1917))
_(photo de Stavisky mort) "Scandale(…) chien de chas*** des magnats hon***illisible*** de Jean A illisible"
(je retrouve grâce au site 'collection-privée.org' la page arrachée que c'est l'article d'un Jean-A. Ducrot titré "Chien de chasse des magnats hongrois".
du magazine VU (hebdomadaire français d'information illustré qui parut de 1928 à 1940; ses photographes sont: Henri Cartier-Bresson, André Kertész, Brassaï, Germaine Krull, Robert Capa, Man Ray etc.; "à la mise en page révolutionnaire pour l'époque" qui inspirera Life et Paris Match).



Plus tard, lors d'un assaut, le chef de la police demandera à ses hommes d'attendre le jour car "on ne veut pas encore d'affaire Prince". (Je découvre que c'est pas celle de 1990 et son massacre... mais celle de 1934: "découverte du corps déchiqueté d'Albert Prince attaché aux rails (…) avait enquêté sur Stavisky, financier véreux (protégé un temps par des Procureurs et Politiques.
(en 1976: Coppola utilisera aussi des plans sur des coupures de journaux pour faire allusion aux scandales et les hippies de Manson...; bon rappel de Sergent Pepper)


En 'un coup': toute la famille et le passé et la corruption locale et nationale et la vie des femmes... est présentée au premier petit déjeuner du premier matin de l'invité Delon, lors d'un monologue de Signoret devant Jean Tissier , le père, presque sourd et peu disert, qui m'était très sympathique depuis le début du film jusqu'à ce monologue de sa bru:



(en parlant du couple d'éclusiers espions qui convoitent la maison) "Il est un bon à rien; elle est bonne à rien; s'il était pas copain avec le maire, il l'aurait pas son emploi; elle m'a jamais pardonné d'avoir épousé son frère.
A 14 ans je suis arrivée comme servante: le père m'a violée et le fils m'a engrossée; pour rien d'ailleurs, l'enfant n'a pas vécu. Après j'ai soigné la mère jusqu'à ce qu'elle meure puis après mon ivrogne de mari jusqu'à ce que je devienne "La Veuve".
Je vous ai tous soignés, couchés , torchés. J'ai lavé le linge, le parterre, la vaisselle , j'ai fait la cuisine. J'ai labouré les champs et fait vêler les vaches.
C'est pas vrai le père? C'est pas vrai que je suis l'homme ici. cette maison est à moi, je l'ai gagnée à ma sueur. C'est pas vrai le père?"
(...le père dont je devais alors avoir la même pâle figure tant j'étais pris au dépourvu de découvrir qu'un pédophile violeur m'avait été sympathique et se trouvait à la table de sa victime le nourrissant, par devoir ou pression sociale ou notariale (il possède la maison)? )



(Devenu sans doute un de mes monologues préférés du cinéma avec celui de Maria Pacôme amoureuse aussi d'un plus jeune dans la Crise; dans un genre différent mais pas opposé du tout sur le fond...je découvre que Coline Serreau s'en est sans doute inspiré ou alors (qui sait...) les même problèmes existaient encore en 1992... "...Pendant 30 ans j'ai écouté vos problèmes, je vous ai torchés, nourris, couchés, levés, consolés, tous les trois, j'ai repassé vos chemises, lavé vos slips, surveillé vos études...je n'ai vécu que pour vous, qu'à travers vous…(c'est mon tour) Votre mère elle a un cul qui va très bien. )


Deux femmes, de 1934 et 1992, se font échos: elles récupèrent des miettes de temps, argent et liberté après l'abnégation. Un monologue de 2050 sera sans doute bien différent...



La France d'hier et celle à venir, la fin d'une époque:



Ce décors, ce lieu géographique, est génial et si symbolique.
Ce n'est pas une écluse, ce n'est pas un pont, mais un pont-levis: référence médiévale pertinente pour un pont et rivière qui séparent deux maisons ennemis, deux mondes opposés, en conflit familial mais aussi en conflits social et politique. Ce sont deux modes de vie. Deux France. Deux types de Mœurs. Deux multivers...de deux mondes séparés par un gouffre.


Ce pont-levis sépare un raciste antisémite hypocrite et fainéant qui va à la messe, d'une femme laïque indépendante bosseuse seule et qui décide d'embaucher et héberger un réfugié encore plus bosseur (=>2019: la veuve Couderc est une sorte de communauté Emmaüs agricole ^^ avant l'heure et avant celle de Nice et Cédric Herrou?...)


Ce pont-levis sépare une France qui lit Action Française et celle qui lit Vu:



>Assez. La France aux Français. Et aux Français Seuls!



dit le journal du beau-frère
Le mur de l'église dira: "La maison de Dieu n'est pas pour les juifs". (lorsque Couderc et Jean passeront juste devant ...sans rentrer)
(Le beauf antisémite est joué avec étrange et assez effrayante conviction par l'amateur de jeux de mots Boby Lapointe Il doit en être malade de travailler pour un pont-Lévy…)


Pont d'ailleurs surtout manipulé par Monique Chaumette (la femme de Philippe Noiret qui lui en a délaissé une encore plus belle carrière potentielle): il faut voir comment c'est toujours elle qui grimpe ce pont-levis pour le faire baisser plus vite, longeant sa barrière presque comme un singe. Plus tard, une petite chienne blanche longeant la piste de danse nous la rappellera: à dos vouté et corset, elle se déplace pareil et remonte la salle aussi vite lors de la scène du touchant et beau Jimmy's Hall local. (=>2019: On ne sait (presque) plus danser comme cela. Ca revient. Ca reviendra quand il n'y aura plus d'électricité et SC...).



La petite voisine démoniaque, fille des Dupont-Lajoie, et semeuse de zizanie, convoite le nouveau beau coq:




"Elle est méchante"
avertit au début la Veuve Couderc mais en vain car Jean met cela sur le compte de la jalousie et aigreur d'une femme qu'il trouve à ce moment-là encore dure et un peu Tati Danielle...
Elle rechignera même à l'idée de perdre des oeufs lors d'un essai de la nouvelle couveuse ("Dix oeufs quand même".)
La jeune gamine était venue s'exhiber devant Jean en choisissant de venir le voir pour donner le sein à son bébé devant lui...La Couderc, voyant clair, avait coupé court à ces simagrées en lui jetant des graines pour poules…
et la poulette s'enfuit, Jean étant encore derrière le grillage du poulailler qu'il nettoyait: Delon penaud en coq convoité par deux femelles...



Cette gamine parait innocente car elle est assez simplette, et toujours avec son bébé dans les bras, souvent sein nu. Jean la voit un jour seule jouer avec son bébé dans les herbes pour lapins. Lapins qu'elle tente quand même d'éborgner à coups de pierres...Jean lui demande pourquoi elle fait cela...mais n'y verra encore pas malice (il passe à côté d'un seconde avertissement)



>"La reine des salopes qui a des yeux à faire péter les boutons de braguettes"



dit un nouveau livre de la rentrée 2019 (Les Calendriers du facteur Robert Cottard)
Elle a en effet un regard fourbe et surtout elle sabote tout...



> "Toute méchanceté a sa source dans la faiblesse."



('lis Sénèque… ;-D')
Cette voisine est faible d'esprit, et sa chair est très très faible...sa méchanceté en serait donc d'autant plus forte.



Un amour sincère et dans les deux sens. Elle et Lui:



Comme pour 'La Route de Madison', où on imagine parfois la vie de Francesca si elle avait baissé la poignée de la portière et rejoint son visiteur, on entrevoit ici la vie de Tati et Jean sans la délation et la jalousie cupide des voisins et cette gamine démoniaque.
Tatie et Jean avaient une idée d'une petite entreprise: projet qui les a sincèrement unis. Leur joie et fête enfantines dans ce grenier est si belle à voir lorsqu'ils voient que la couveuse est réparée et fonctionne. Ils s'amusent à compter leurs bénéfices et nombre d'enfants...euh de poussins qu'ils pourront vendre.
Le choix de l'objet…"machine à faire des poussins"... n'est pas un hasard pour une femme qui a perdu son enfant mort-né et ce couple 'ménopausé'.
C'est une couveuse achetée au marché, celle-là même qui les a unis au début de l'histoire et amené l'engagement de Jean comme valet de ferme. (Cette couveuse prouve aussi que la mécanisation et le progrès technique peuvent rapprocher les gens au sein d'un bon esprit d'entreprise entre personnes saines et bosseuses…)


Scène du grenier touchante mais encore moins que celle de leur réveil dans le même lit.
Elle, elle le regarde même dormir (une preuve) et Lui, il reste. Et le matin, après l'amour, Lui, il cherche de suite sa main (une autre preuve)
.
(nb: Mireille Darc racontait combien Delon était beau au réveil; combien elle le regardait dormir car elle partageait son lit avec la beauté incarnée...).
Ce qui est beau avec cet amour est qu'il a commencé par une collaboration, puis des conseils, des confidences, une amitié:



"Vous êtes allé fort avec la petite"
"...vous avez raison, mais avec ses seins de petites filles...des fois...elle me fait envie...vous comprenez"
Laïque mais comme Bienvenu Myriel, l'évêque, la Veuve se fiche qu'il soit ex-bagnard:
"Je te fais pas peur"
"Non"
(Laïcs car on voit que Couderc et Jean passent juste devant l'église sans rentrer le jour de la messe, fendant la foule, lors de la belle scène de sortie, devant tout le monde, à deux, en ville):




Parce que des images valent mieux que des mots:



Si j'ai aimé le film sur le fond et son histoire, j'ai aussi aimé sa forme et sa manière de nous en dire beaucoup et vite par images. Sc et ses membres plus connaisseurs que moi, m'ont fait découvrir plus d'infos sur les directeurs de la photographie et du montage et c'est un film où j'apprécie les deux.


Chronique d'une mort annoncée? visuellement ?(...mais là, j'invente peut-être et imagine trop?):
Dés le début, Jean est peut-être la mort annoncée: on le voit même tenir une faux à un moment (il sait l'aiguiser); il porte déjà sa chemise tout blanche de condamné à mort déjà échancrée…. Un peu comme quand condamné à mort dans Deux hommes dans la ville.


La scène de la lampe?(... et là, non, je ne perds pas la tête et n'invente pas ou imagine trop):
Le film a beaucoup de scènes avec des lampes à pétrole et de longs plans sur des lampes à pétrole...notamment lors des scènes de sexe. Dont une dont la flamme est rouge à 40minutes04... . Si! Si!
Comme la lumière symbolisant la présence du christ dans une église.
Et au moment où je me disais que j'inventais et voyais trop de choses dans le film: 'le-but-de-ce-plan-insistant-serait-il-de-témoigner-de-la-présence-de-Notre-Seigneur?"
Simenon/ Jardin/GranierDeferre nous disant le Christ est dans cette maison au moment de cette union sexuelle. Il approuve. Au moment où je commençais à douter de mon interprétation.
Le réalisateur a ajouté un son de cloches. Pas présent au début de la scène de la petite lumière rouge...Là, j'avais plus de doute, c'est pas une coïncidence.
L'affiche chez les Polonais, très catholiques, reprend d'ailleurs cette lampe et en remplace la tête de "l'ange" avec. Il est guide. Dans Poltergeist, les fantômes apparaissent avec leur lampe guidant les autres vers la sortie finale. AD est peut être les deux: un guide vers la liberté sexuelle et une autre vie plus heureuse et méritée.


Des plans me font rechercher le directeur de la Photographie: un Walter Wottitz dont les champs et les foins de 1971 me rappellent des moissons de Malick en 1978 et des tableaux de Monet et ses coquelicots (je vois d'ailleurs que ce Wottitz a travaillé sur le film 'Le jardinier d'Argenteuil').
Certains autres plans rappellent des tableaux de Sisley:
Ceux de la rivière et du pont et des arbres alignés, m'ont rappelé un tableau de Sisley dont j'avais une copie Etudiant "Resting on the river bank".
On voit d'ailleurs Delon après l'amour se reposer au bord de la rivière (
son bonheur et sa légèreté d'esprit alors symbolisé par [un petit avion faisant des loopings et figures dans le ciel sans nuage]
56…)
Je découvre d'autres tableaux de Sisley qui rappelle le film.
Et les plans du film avec à l'horizon un pont à arcades avec un train et l'église se retrouvent aussi dans des tableaux.

Le tableau d'un Léon Augustin Lhermitte (1844-1925) a carrément un Delon en chemise et une Signoret à la faux (merci au boudoir littéraire d'une Mélusine).



Des paysans dont Tati et Jean se réclament désormais: premier point commun qu'ils se sont reconnus lors de la visite en ville.( Une autre belle scène...décidemment le film, pourtant court, en regorge).



"Ma mère a commencé comme bonne dans cette maison, maintenant je suis paysanne".
"Moi aussi, je suis paysan"
Il vient pourtant de lui dire que son père était pharmacien, jouait le soir du violon et (passant devant un beau garage et ses affiches Panhard?...non c'est pas des filles nues mais des voitures) et il ajoute qu'il conduisait une Hotchkiss (constructeur automobile et manufacturier d'armes français.) (=>2019: ô combien je découvre lentement mais surement que les voitures étaient plus belles dans le passé.)



Le montage est lui d'un Jean Ravel J'ai aimé ses idées et associations:
_J'ai déjà (trop) parlé au début du montage des coupures de journaux résumant la Grande Histoire, le contexte général
_Mais sans dialogue aussi, le montage nous parle de inégalités endémiques entre femmes et classes. Des mondes se croisent.
Par exemple, on a un plan en fond de musique jazz sur un bateau qui passe avec à l'arrière un homme en blazer et casquette et à l'avant une femme en maillot de bain , son caniche blanc et des flutes de champagne;
le tout suivi de plan sur le femme de l'éclusier (Monique Chaumette) les regardant; elle vient de faire tout le travail d'ouverture du pont-levis sans remerciement ou signe; ses cheveux sont nouées et elle porte d'épais vêtements en couches.


Ou il nous résume vite l'histoire par sous entendus:
_Plus tard, sans dialogue, Signoret étend le linge, voit Delon entier debout tout en haut de l'échelle réparant la très longue gouttière, elle s'arrête, l'observant longuement à son insu, ses deux doigts gardant un pince glissée entre ses lèvres qu'elle mordille
_Suivi de Delon à son tour regardant à son insu Signoret, en train de traire de long gros pis roses.
_Suivi d'une scène ayant en arrière fond, le clocher de l'église érigé, au second plan Signoret traversant poussant une brouette et Delon penché au premier rang au jardin en train de manier sa binette à lame arrondie...il se retourne pour la regarder penchée sur sa brouette
_Delon filmé transpirant derrière un grillage de jour, on découvre la petite voisine l'observant: elle décide alors de donner son sein à son bébé. Delon regarde, coq dans son poulailler.
_Sans dialogue, Delon sort un soir jeter les cendres du poêle encore rougeoyantes hors de la maison par sécurité .Touchant le sol, rejoignant les précédentes cendres qui forment comme un fond de chaudron, il y a soudain un dernier grand feu follet en jet rouge qui fait reculer Jean et ce halo rouge lui fait surtout soudain apparaitre la voisine. Rouge comme une sorcière d'Eastwick, chaude comme de la braise la "nubile" concupiscente.
Elle s'enfuit comme un gremlins.
Elle les observait la nuit. Et d'ailleurs comme Michael Myers, elle penche sa tête tout le film...


Des micro moments de comédies qui seront moins drôles avec le temps vue la fin désormais connue:
_en plus de la tête de Delon, coq dans son poulailler à qui on exhibe un sein
_en plus de la tête des voisines de lavoir quand la veuve lave les vêtements de son nouveau toy boy
_en plus des 4 yeux de curieux filmés dans un seul plan: un vieux cheval dont juste la tête est visible à côté d'un vieux paysan bossu, tous les deux fixant le nouveau venu au début...
_Lors de l'assaut final, le préfet remarque des voitures suspectes en plus des badauds curieux et de ses hommes. Le chef de la police s'en approche, ce qui fait sortir d'elles une portée de Dupont Lajoies, tous à tête de Noel de Roquevert dans Archimede le clochard ou de mon arrière grand-père...je comprend alors mieux d'où vient la tête de Superdupond.
C'est une milice de volontaires tous habillés pareil, tous à petite moustache, le béret sur le côté qui leur fait une frange et une ombre douteuse....
(En sbires identiques, Matrix n'a donc rien inventé :) ):



"(Colonel de réserve Luc de Mortemont venant offrir nos services).
Bouter la racaille hors de France est un devoir pour les Français."
(je découvre alors aussi un autre bon acteur, François Valorbe, poète et... petit-fils de général.)


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le 11 août 2019

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PierreAmo

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