Jean-Jacques Annaud n'a pas fait beaucoup de long-métrages, mais il s'est rarement raté ; malheureusement son dernier, Notre-Dame brûle sentait déjà le cramé.
La victoire en chantant, à l'inverse de l'évocation ratée de l'incendie de la cathédrale parisienne, est d'une grande fraîcheur. Ce premier long-métrage d'Annaud est certes réalisé dans une époque où le public attendait de telles provocations dans le cinéma, et où les acteurs n'étaient pas des cruches en faux-cristal, comme aujourd'hui.
Aidé de Dufilho, Carmet et d'autres actrices et acteurs qui font très bien leur boulot, l'auteur nous livre une satire où il fustige les petits colons français bêtes et arrogants vivant de trafics médiocres et de fonctions vides de sens, et qui se prennent pour des empereurs dans un pays qu'ils ne connaissent pas. Les indigènes sont traités avec plus d'égards mais le film dénonce aussi un peu la lâcheté et la rouerie de certains. Pas suffisamment sans doute pour dresser un portrait équitable de la situation, mais dans l'atmosphère anticolonialiste en plein essor des années 70, Annaud avait des excuses.
En tous cas on ne s'ennuie vraiment pas dans ce règlement de comptes avec la gloriole nationale du début du XXème siècle, et c'est là un film qu'il serait bon de passer la veille de chaque 11 novembre aux élèves de collège pour se rattraper de les obliger à bouffer tant de stupidités et de mensonges sur l'histoire de la République française.