5 raisons de voir... La vida loca de Christian Poveda

1-Un hommage au travail de Christian Poveda :
Le réalisateur Christian Poveda a longtemps vécu à El Salvador. En 1980, il y couvre, en tant que photoreporter, l'actualité au quotidien. Journaliste infatigable, il réalise en 1981 son premier documentaire. Un travail qui va lui permettre de nouer des contacts dans tout le pays. Il quitte le photojournalisme en 1990.
En 1996, il signe le documentaire On ne tue pas que le temps, puis Voyage au bout de la droite en 1998. 10 ans plus tard, il réalise La vida loca, son premier long-métrage diffusé en salle, documentaire poignant qui suit le quotidien de jeunes salvadoriens vivant au rythme de l'ultra violence des gangs.
Le 2 septembre 2009, Christian Poveda est retrouvé assassiné au Salvador. il avait 54 ans.

2- Les déboires d'une jeunesse oubliée :
Au-delà du gang lui-même et de son fonctionnement au quotidien, ce que filme Christian Poveda, ce sont les espoirs, mais aussi les attentes et le déterminisme de la vie de ces jeunes et de leurs familles, confrontés au quotidien à une violence insoutenable. Ici, les codes sont différents des nôtres, la mort et les adieux sont courants et la jeunesse n'a pas d'autre choix que celui d'intégrer l'un ou l'autre des gangs (la Mara 18 ou la Mara Salvatrucha) pour assurer sa propre survie et celle de sa famille.
Ces enfants, privés de parents par la guerre civile qui a déchiré le pays, reproduisent donc à leur tour ce cycle mortel en risquant à chaque instant de rendre leurs propres enfants orphelins.
Christian Poveda dresse ici le portrait de cette jeunesse privée d'espoir et prisonnière d'un terrifiant engrenage de violence.

3-Une démarche militante pour un film engagé :
Avant de partir à la rencontre de la Mara 18, Christian Poveda s'est beaucoup documenté mais il a surtout partagé la vie de ce pays durant de nombreuses années. Se faire accepter au quotidien, faire oublier la caméra, ont été des éléments essentiels à la réussite de son film.
Christian Poveda raconte qu'il en oubliait souvent cet outils, pour devenir à son tour une partie intégrante de son oeuvre. Attaché aux membres du gangs comme à ses propres enfants, il avouait avoir parfois recherché comme un père désespéré l'un des membres qu'il pensait mort.
Christian Poveda s'est beaucoup investi au Salvador, aux côtés des gangs. Il a aidé au financement de four à pains permettant la réinsertion de jeunes issus de gangs.
Mais surtout, Christian Poveda avait ce désir de faire connaitre au monde, la misère dans laquelle certains enfants évoluent et la violence qui habite leur quotidien.
Un amour du pays et de ses habitants qui rejaillit dans l'humanité de ses plans ou la discrétion de sa caméra.

4-Une violence réelle, qu'on ne peut ignorer :
Ce qui frappe dans le film, c'est son incroyable climat de violence quotidien. Une violence difficile à appréhender tant elle est répétitive. Christian Poveda la filme comme un arrière plan de son oeuvre qui deviendrait malgré lui, un personnage à part entière de son film. Le documentaire s'attarde parfois sur les enterrements extrêmement codifiés de la Mara, ses chants, ses psaumes, et ses larmes. Une vision terrible d'une jeunesse sacrifiée sur l'autel de ces agressions.

5-Une violence chiffrée :
Selon la police, les deux gangs posséderaient 7500 membres en liberté et 7500 autres en prison, sur les 5,8 millions d'habitants que compte le pays.
En 2007, le nombre d'homicide était de 3497, ce qui fait une moyenne de 9,6 décès par jour.
En 2008, les chiffres ont légérement baissé atteignant 3174 morts.
El Salvador a le taux d'homicide le plus élevé d'Amérique latine chez les 15-24 ans avec 92 homicides pour 100 000 habitants. C'est également le deuxième taux le plus élevé au monde. Pendant longtemps, les autorités ont expliqué cette violence par l'existence des gangs. Pourtant, en 2006, sur les 3928 homicides commis, " seulement " 11,8% ont été attribués aux gangs.
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le 21 mai 2014

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