Un film assez étonnant. Un parcours à la première personne d'un homme qui sombre peu à peu dans la folie.
C'est très bien amené. L'évolution du personnage est douce et conçue pour que le spectateur la subisse en même temps. Mais point de misérabilisme, puisque le personnage est heureux de ce qui lui arrive. Le film a donc plus l'allure d'une réflexion un peu philosophique (redéfinition du monde) que d'une histoire avec une narration traditionnelle. D'ailleurs, il n'y a pratiquement aucun conflit. Pour la simple et bonne raison que le personnage ne lutte pas, il subit, heureux qu'il est.
Ce film m'a rappelé "Take Shelter" pour lequel je ne m'étais pas enthousiasmé ; dans ce dernier film, l'auteur ne propose pas de conflits, mais ne reste pas non plus dans le pur concept ; il en fait des caisses, manque de simplicité pour aborder son thème et ses scènes fortes se révèlent peu nombreuses. Ici, l'auteur va droit au but : pas de redondance, des scènes fortes de par leur simplicité. Cela paraît plus honnête. Pas de poussière dans les yeux. "Take Shelter" fait croire à un film avec structure, ici pas de tromperies, pas de faux-semblants.
La mise en scène est plaisante : là aussi, l'auteur privilégie la simplicité et laisse ainsi sa caméra au service de l'action, des personnages. Les cadres sont bien composés ; on a même droit à quelques plans très beaux (lors de ces fameux moments de redéfinition notamment). Les acteurs sont bons : là aussi, simplicité et efficacité.
Bref, un film conceptuel jusqu'au-boutiste, de loin supérieur au pauvre "Take Shelter", étonnant dans son déploiement narratif.
Bonus : http://image.noelshack.com/fichiers/2016/18/1462615857-la-vie-a-l-envers.jpg