De Kechiche je ne connaissais que La Graine et le mulet, un film qui m'avait beaucoup plu et marqué par son authenticité. La Vie d'Adèle eut sur moi le même effet mais décuplé, avec l'empathie en plus. Ça faisait longtemps que je n'ai pas été aussi secoué au cinéma, putain quelle baffe. De base j'aime les histoires d'amour au cinéma (mon côté sentimental me perdra) mais alors quand celles-ci sonnent aussi vraies qu'ici, j'ai de quoi être touché pendant un moment car même plusieurs jours après, des émotions liées au film surgissent de temps en temps, me donnant envie de replonger dans la vie d'Adèle.

Car c’est bien ça le sujet, plus que de la propagande homosexuelle ou je ne sais quelle autre ânerie sortie après Cannes. Le film parle d'une histoire d'amour, pure, vraie et universelle. Ce film s'adresse à n'importe qui, hétéro, bi, gay, lesbienne... Si le sujet de l'homosexualité est bien présent, il n'est jamais écrasant car Kechiche a l'intelligence de ne pas en faire le sujet principal et surtout pas un plaidoyer politico-social. Mais ce qui nous intéresse plus particulièrement c'est Adèle, cette ado en première L que l'on va suivre pendant 3 heures, avec laquelle on va partager des émotions et la voir devenir femme. J'ai tout simplement adoré son personnage. Une fille belle, simple, un peu paumée, curieuse et ouverte. Et rarement je me suis autant attaché à un personnage de fiction.

Par sa mise en scène, Kechiche capte tout. De l'expression du visage la plus minime à l'émotion la plus brutale. Si l'accumulation de gros plans n'est pas ce qu'il y a de plus subtil, j'avoue m'en foutre totalement, j'étais aux côtés de ce personnage l'espace de 3 heures et c'est ce qui m'a touché. De suivre son quotidien, de vivre ce qu'elle vit, de la comprendre bien qu'elle ne soit pas parfaite, de vouloir la défendre face aux incompréhensions, aux injustices et aux non-dits. Un véritable tourbillon émotionnel pour ma part, le film m'a impliqué sur chaque seconde qui le compose. Les séquences s'étendent, prennent leur temps et permettent à la scène et aux personnages qui la peuplent de vivre. Les scènes de sexe crues n'en sont que plus belles. Ces deux filles se lâchent, se font plaisir et ça change tellement des scènes de sexe dans les films US rand public où il est coutume de faire l'amour tout habillé (allez fallait bien que je râle un petit peu)

En règle générale, j'ai admiré la façon avec laquelle Kechiche capte l'instant, la scène, l'émotion. Je me surprenais de ressentir les mêmes sensations qu'Adèle. D'être perdu et mal à l'aise dans un bar lesbien par exemple, avant qu'Emma vienne et instaure un climat de confiance. Le film m'a séduit par son authenticité, le fait de filmer des choses vraies même si il n'est pas forcément exempt de petits défauts et d'imperfections. La Vie d'Adèle n'est pas un film parfait et il ne le cherche pas, mais quelle déclaration à l'amour, quelle déclaration à la vie. C'est un film pur, sincère et sidérant de beauté. Il surprend par son accessibilité, car après tout c'est un film tout simple mais universel. Et cette simplicité, cette pureté, cette vérité m'ont touché comme rarement. Chef d'oeuvre mes amis. Putain de chef d'oeuvre.
Moorhuhn
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le 28 oct. 2013

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Moorhuhn

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