Véritable tsunami médiatique, ce film, présenté en compétition au festival de Cannes, a remporté une triple Palme d'Or (une pour le réalisateur et une pour chaque actrice). De nombreuses interviews ont été données pour décrire les conditions de tournage, qualifiées d'invivables par Léa Seydoux, et le boycott du film aux César 2014, mais aussi les scènes explicites de sexe parsemant le film. J'ai vraiment aimé ce film, que j'ai trouvé d’une profondeur rare, vrai, touchant, montrant l’amour brut, comme il est, comme il vient et comme il part. Ici l’amour est entre deux femmes, mais l’amour est surtout décrit comme universel entre deux personnes, et ce quels que soient leurs sexes. Les actrices sont absolument formidables : Abdellatif Kechiche a dégoté la perle rare en castant la bouillonnante Adèle Exarchopoulos pour son rôle homonyme et en castant la belle et glaciale Léa Seydoux dans le rôle d’Emma. Alors que les deux femmes sont diamétralement opposées, elles sont réunies ici et une alchimie entre elles se forme. Des scènes très crues et très explicites parcourent le film, et les avoir moins détaillées n’aurait pas été dérangeant mais Kechiche a voulu montrer, comme à son habitude et comme il l’a déjà montré dans L'Esquive, une manière de tourner qui approche le plus possible la vérité, et qui est, par conséquent, très vraie et très touchante. Les nombreux plans face caméra avec Adèle crèvent le cœur et cette contextualisation temporelle si étrange est géniale et très esthétique. Adèle est réelle, et les plans d'elle en train de manger, de baver ou de respirer sont si réels qu'ils créent une proximité entre le spectateur et l'actrice : on a l'impression d'être à côté d'Adèle. Une seule chose m'a un peu froissée pendant le film, et je m'en suis rendue compte au fur et à mesure que le film (de trois heures, et oui, c'est long) avançait : la différence socio-culturelle entre Emma et Adèle est immense, et peut-être exagérée. On voit Adèle et Emma manger des pâtes bolognese chez Adèle, mais chez Emma on teste des huitres et du vin blanc. Adèle est institutrice, Emma est aux Beaux-Arts et croque du nu. Peut-être était-ce de trop.

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le 31 janv. 2016

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Coline Fournier

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