Le retour du grand cinema italien

Un film étonnant. Etonnant parce qu'il aborde la guerre et la déportation sous un angle particulier, celui d'un père qui protège le regard de son enfant. La démarche a plusieurs étages de lecture.
Benigni ne souhaite pas nous amuser de la shoa : C'est son enfant qu'il essaye de faire rire, et si il nous arrive, tout au long du film, de nous amuser aussi de ses pitreries, c'est avec nos yeux d'enfants que nous le faisons, comme si nous voulions nous même, inconsciemment, nous préserver également de l'arrière plan sordide. Le danger était qu'en dédramatisant les choses aux yeux de son enfant, il risquait aussi de nous donner l'impression de vouloir dédramatiser notre propre vision de la guerre. Mais comme je l'ai dis au début, ce film a plusieurs étages de lecture, et il faut en changer tout au long du film. C'est le seul effort demandé au spectateur. S'identifier tantôt à Giosué et rire et sourire avec lui, tantôt devenir Guido, ou bien encore redevenir spectateur.

Du grand Benigni, un conte moderne, philosophique, tendre, appuyé par une musique qui colle bien. Un conte qui nous fait traverser cette époque dramatique avec sourire, tendresse et magie. Mettre de la poésie dans cette période de l'histoire n'était pas chose facile. Un pari pas très aisé, mais largement tenu, là où d'autres n'auraient peut-être pas osé s'aventurer.

Les acteurs sont talentueux, le jeux est simple mais juste. Un grand film, qui aurait mérité des décors peut-être un peu plus soignés sur la fin.