Mes pérégrinations dans la filmographie de Minnelli continuent avec bonheur.

Cette biographie de Van Gogh m'a conquis. Encore et toujours cette forme d'une beauté irrésistible. Elegance, encore et toujours. Des cadres somptueux. Peut-être pas aussi propre à l'histoire, la picturalité que parvient à produire Minnelli fait davantage penser à des tableaux renaissances ou modernes qu'impressionnistes ou goghiens. Il faut supposer que le cinéaste a préféré donner une orientation délibérément christique à sa biographie. Le terme "passionnée" du titre français est à ce propos parfaitement en adéquation avec cette idée. La souffrance, le mal-être viscéral qui torturent Van Gogh aux prises avec ses aspirations furieuses à la pûreté, le tout allié à sa prédisposition mystique donne à son personnage une aura christique indéniablement. Il s'agit bien là d'un film sur la Passion de Van Gogh. Anthony Quinn, Barabbas/Gauguin, un violent plus en accord avec sa dimension humaine et faillible, est témoin impuissant de l'autodestruction de son ami. De même que son frère Théo, rien n'empêche Vincent de subir ses souffrances déchirantes. L'attrait de Minnelli pour le mélodrame, l'expression emphatique de la douleur est ici amplement comblé : que ce soit Kirk Douglas en proie à ses grimaces de détresse ou Anthony Quinn dans la grandiloquence de ses colères amères, la mise en scène n'y va pas avec le dos de la cuillère pour verser dans le pathos. Pourtant les actes de violence définitives (l'oreille ou le suicide) ne sont pas montrées; Minnelli nous ménage un temps, suspendu, qu'on craint éternel, jusqu'à qu'éclate le cri ou le coup de pistolet, dans un miroir vide ou un ciel limpide.

Ce que je garde avec plaisir, ce sont ces couleurs chatoyantes, ces plans finement étudiés et calibrés, ces fondus enchaînés certes un peu didactiques (liant les toiles aux paysages) mais tellement beaux.

Un très beau film, empreint d'une religiosité qui n'a sans doute que peu à voir avec la vérité du personnage historique de Van Gogh mais qu'importe! Il est aussi bon de rentrer dans la vision que Minnelli se faisait de la vie du peintre.
Alligator
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le 1 janv. 2013

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