J'en gardais un souvenir émerveillé, au point de le considérer comme un des mes films préférés. Il est toujours risqué de revoir certains titres dans ce cas de figure, ce qui a légèrement été le cas concernant « La Vie privée de Sherlock Holmes ». J'ai bien écrit « légèrement » car l'on est évidemment toujours plus exigeant avec les œuvres dont on attend beaucoup. Parce que le regard de Billy Wilder sur le mythe du célèbre détective privé, c'est quand même la grande classe. Projet de longue haleine, reporté à de nombreuses reprises, celui-ci a la marque de son réalisateur : drôle, intelligent, fin, volontiers sarcastique par moments, porté par de belles prestations d'acteurs incarnant des personnages aimés avec beaucoup d'élégance, la qualité des dialogues et des relations entretenues par les uns et les autres. Même le scénario, mis à mal par les producteurs et devant être à l'origine beaucoup plus long, montre beaucoup de richesses et de scènes merveilleusement construites, la musique ample et majestueuse de Miklos Rosza accentuant encore cette remarquable impression.
Et pourtant, je ne mets « que » huit étoiles. Comment l'expliquer. Je n'ai pas été ébloui, bouleversé comme j'avais pu l'être la première fois. Si l'ensemble reste remarquablement cohérent, je n'ai pas ressenti la jubilation que j'ai si souvent lorsque je regarde un film de Wilder. Certaines scènes m'ont laissé un peu de marbre, et j'ai légèrement décroché à une poignée de reprises. Maintenant, c'est vraiment parce que j'en gardais un souvenir ébloui que je me permets ces quelques menues réserves, de nombreux moments restant exceptionnels (pour ne citer qu'elles, les scènes avec Clive Revill, immense second rôle malheureusement passé à côté d'une grande carrière), la « Wilder touch » restant suffisamment présente pour que l'on se réjouisse d'avoir assisté à un si beau spectacle. Un lourd échec financier qui n'a d'égal aujourd'hui que sa réussite formelle.