Lady tranchante

J'avais découvert le cinéma de Park Chan-Wook l'année dernière, avec "Mademoiselle". Force est de constater qu'on reconnaît bien la patte de son univers dans ses anciens films !

Avec Lady Vengeance, le réalisateur nous amène avec subtilité dans l'univers glacial de la rédemption, livrant un récit tranchant et mélancolique dont on ne pourrait détourner les yeux. Les plans sont vraiment bien découpés et cadrés, offrant une photographie aussi brute que maîtrisée. Utilisés à bon escient, les hors champ permettent d'instiller lentement l'ambiance, laissant les sentiments de haine et d'apathie s'imprégner à l'écran ; la vengeance monte, monte, elle est esthétisée autant que le désir et la rage qui l'anime, et les larmes coulent aussi. La symbolique est fine, elle se perçoit dans la façon dont la petite fille tient sa mère dans ses bras, dans une part de gâteau qui sert d'exutoire, dans un petit doigt récurrent.

Le point culminant arrive au moment d'une vendetta qui exprimera la souffrance de personnages meurtris par le deuil, et la jouissance sadique de voir une précision chirurgicale dans son exécution.

Ceci dit, pour compléter le spectre de la vengeance, il manque le processus de réflexion de la protagoniste : voir sa mise au point, les problèmes rencontrés, et les étapes qui y ont mené. Au lieu de ça, on a une formule qui nous tombe tout cuit dans le bec. Ca manque de "noir", de complexité psychologique, ce qui rend les personnages assez ternes. Aussi, certaines scènes de violence ne me paraissaient pas nécessaires dans le déroulé du scénario, qui s'égare parfois dans des considérations superflues. C'est un bon film dans l'ensemble, qui lie une esthétique aboutie et une histoire ciselée. On enterre la hache de guerre ? 7/10