Un film que j'aime beaucoup malgré ses défauts et qui va sans doute profondément diviser (pas mal de spectateurs ont quitté la salle où j'étais pourtant loin d'être bondée). Pour ma part je préfère ce film là à L'étrange couleur des larmes de ton corps des mêmes metteurs en scène. je trouve ça plus incarné et avec des personnages plus intéressants. Là où dans le film précédent je trouvais que l'esthétique giallo, aussi brillante soit-elle, n'était qu'un fétiche un peu vain, je trouve qu'ici les codes et l'esthétique du western sont véritablement habités et justifiés. Tout n'est pas réussi, il y a beaucoup d'expérimentations formelles et forcément certains effets sont brillants et d'autres tombent à plat (comme pour L'étrange couleur, je pense qu'un poil plus de sobriété serait loin de desservir le film tant les metteurs en scènes usent et abusent de trucs, trouvailles et expérimentations qui sont loin d'être tous justifiés), ce n'est pas toujours très lisible, c'est parfois agaçant et redondant (5 fois la même scène d'un point de vue différent, procédé répété x fois dans le film : c'est génial quand c'est fait par Tarantino dans Jackie Brown ou Boulevard de la mort mais ce n'est pas aussi efficace ici) mais c'est assez jouissif, l'actrice principale est extraordinaire, de même que la musique et certaines séquences sont totalement hallucinées (celle du fantasme crucifixion sm est digne d'un chef d'oeuvre). Les scènes de fantasmes sont d'ailleurs les plus réussies du film. Pour ma part j'ai eu l'impression d'une déesse du fantasme du sadomasochisme et de l'urophilie (la silhouette fantasmée) s'incarnant en artiste peintre (Elina) et s'amusant à contrôler le destin d'une poignée d'hommes à qui elle apparaît tour à tour en les poussant à s’entre-tuer dans cette longue fusillade comme le faisaient les dieux grecs lors de la guerre de Troie, ce qui expliquerait toutes ses scènes de plans des lieux vus du ciel et tous les passages avec les fourmis.