Véritable professionnel du film d'horreur durant les années 80 (on lui doit les deuxième et troisième opus de la saga Vendredi 13 ainsi que les géniaux House et Warlock), Steve Miner a vite sombré dans l'oubli la décennie suivante, ne s'attardant que sur des séries TV ringardes, des téléfilms ou des choix filmographiques douteux. Il fait pourtant un retour fracassant en 1998 en signant le septième épisode de la fructueuse saga Halloween, faisant un remarquable retour aux sources. Un retour acclamé par la critique et les fans de la franchise, qui lui permet de retrouver sa reconnaissance d'antan.
Il tourne donc l'année suivante Lake Placid, un film de monstre mettant en scène les improbables Bill Pullman, Bridget Fonda et Oliver Platt aux prises avec un crocodile géant aussi vorace que véloce. Et là où on pouvait s'attendre à un joli nanar mal fagoté, le long-métrage surprend son monde en proposant une mise en scène incroyablement maitrisée, moderne et par conséquent agréable, bourrée d'effets spéciaux réussis et, chose plutôt salvatrice, d'un humour noir acerbe, notamment lors de quelques morts sanguinolentes ou lors des nombreux mésententes entre le scientifique déluré Hector (Platt) et le shérif bougon de la bourgade (excellent Brendan Gleeson).
Entre des boucheries non avare en hémoglobine, des moments de suspense haletants et des scènes d'action explosives (si, il y a des explosions, du feu... c'est donc explosif), Lake Placid nous entraine du début à la fin dans une traque au reptile dont l'origine s'avère être un surprenant retournement de situation. Et le scénario a beau être certes déjà exploité des dizaines de fois, le long-métrage de Miner réussit l'exploit de les enterrer avec efficacité. Impossible donc d'être déçu face à cette débauche d'effets spéciaux et de boucheries teintées d'humour noir dont on regrette que les suites ne soient pas du même gabarit...