La matière pour faire un bon film est évidemment là, l’histoire imaginée par Jean Van Hamme étant riche et passionnante. Cependant cette adaptation déçoit franchement. Si l’histoire reste bonne, c’est raconté avec les pieds et c’est vraiment dommage. Hésitant trop clairement entre le thriller, le film d’action et le drame, l’ensemble se prend les pieds dans le tapis à de trop nombreuses reprises pour être totalement convaincant. Le premier responsable est assurément le scénario. Trop alambiqué avec ses incessants flashbacks, il finit par décourager. On retrouve bien dans cette façon de conduire l’intrigue les habitudes de Van Hamme mais ce qui fonctionne au poil dans la BD est beaucoup moins efficace dans le format ciné. Et puis, surtout, les flashbacks n’apportent pas forcément un éclairage sur l’intrigue, ce qui est presque rédhibitoire.


Le deuxième responsable est sûrement la réalisation. Autant Jérôme Salle était très convaincant avec son Zulu, autant ses autres films laissent une drôle d’impression. Ce Largo Winch n’y échappe pas. Le mélange des tons est tel qu’on est parfois désarçonné. Le résultat manque de recul avec ce qu’il nous propose et le personnage de Largo se prend trop au sérieux pour être, paradoxalement, tout à fait crédible. Le troisième responsable concerne les personnages. Trop caricaturaux, ils empêchent toute profondeur à une entreprise qui, du coup, multiplie les tours de passe-passe pour paraître plus complexe qu’elle ne l’est. Les traîtres sont dévisagés au bout de quelques minutes et le suspense est tué dans l’œuf. Forcément, c’est dommage.


Le résultat est étrange avec son rythme toujours bancal. Cela ressemble à un film d’action à l’Américaine (voilà un Français qui nous fait le coup de « J’ai la caméra qui tremble et le montage épileptique quand je filme une scène de d’action »), cela ressemble à un film français avec ses questionnements existentiels du pauvre (l’ultime scène est en cela très caractéristique), cela ressemble à une production européenne avec ses tournages exotiques. Mais cela ne ressemble honnêtement pas à grand-chose. Cela manque terriblement de personnalité et, même si on est proche de la BD, on est à des années-lumière de l’intensité de celle-ci. On y trouve quelques bons moments, Tomer Sisley ne se débrouille pas trop mal mais c’est insuffisant pour emporter le morceau.

Play-It-Again-Seb
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le 26 juin 2022

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PIAS

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