Vu lors de sa sortie, je dois bien avouer que ce premier contact avec l'univers Largo Winch fut loin d'être des plus marquants, ayant de toute façon très rapidement oublié ce que je venais de voir. Point positif : au moins le sentiment de « découverte » a été là lors de ce revisionnage. Point négatif : si j'avais oublié le film, ce n'était pas pour rien.
Ouai parce que bon, autant je me suis montré indulgent avec le premier, ayant accepté nombre de ses travers comme le côté jasonbournesque ou le scénario con, en plus d'avoir apprécié la manière dont fut adapté la BD (n'ayant pas lu et ne comptant pas lire les romans), autant il m'en fallait plus pour que je daigne me montrer clément avec cette suite… pas de chance pour moi, en plus de ne pas faire mieux, ce second volet de Largo Winch fait même pire que le précédent.
Déjà, le scénario arrive à être encore plus con qu'avec le premier, en plus d'être bourré de clichés et de facilités. Largo Winch premier du nom avait de nombreux défauts lui aussi, mais au moins, il avait le mérite de bien transposer l'univers de la BD afin de donner un truc un minimum original à voir au cinéma. Là, c'est du vu et revu, à coup d'un enfant caché pendant des années, de personnages cons et clichés, de plans qui n'ont aucun sens, de seringue-traceur GPS dans le bras, c'est encore plus con que la plus conne des BD Largo Winch… et il y en a eu quelques-unes, croyez-moi. Quel est l'intérêt de s'éloigner de la bande dessinée, de l'un de ses meilleurs diptyques de surcroit (les tomes 7 et 8), si c'est pour pondre quelque chose d'aussi indigent et peu original ? On dirait presque que ç'a été écrit par Luc Besson. Et pourtant, les scénaristes auraient pu partir dans une bonne direction. En mettant en avant le fait que Nerio se soit comporté comme la dernière des ordures par le passé, le film aurait pu avoir un propos un minimum pertinent en ce qui concerne l'héritage qu'il a légué à Largo… pas de chance, on apprend que Nerio était innocent parce qu'il faut faire un film manichéen quitte à ce que ç'a n'a aucun sens. Au hasard, à aucun moment n'est venu en tête à Nerio que les terres qu'il était en passe d'acquérir résultaient de la spoliation ? Tout ça pour, en prime, aboutir sur un twist de fin qui mise tout sur le fait que le spectateur soit assez crédule pour confondre un trentenaire à un quinquénaire.
Le pire, c'est que dès le début du film j'aurais dû me douter que ç'allait être naze, entre les nombreux problèmes liés à la temporalité (combien de temps après le premier film se place cette suite ? pourquoi le débuter avec l'indication « trois ans plus tôt » alors qu'on n'a rien vu avant ?)… et les nombreux problèmes liés à la mise en scène.
Justement, niveau mis en scène, on en parle de cette introduction épileptique ratée de bout en bout ? Mal cadrée, trop cuttée, trop jasonbournesque en somme ? Ce côté-là était déjà de trop avec le premier épisode, il l'est encore plus ici. C'est dommage, parce qu'à côté, Jérôme Salle arrive à ne pas trop mal filmer la première bagarre du film, celle contre les résistants birmans, à ne pas excessivement cutter la scène. Preuve qu'il n'est pas tant un tâcheron que ça (et les films qu'il a réalisés par la suite auraient tendance à confirmer que c'est le cas).
Pour m'être un peu intéressé au tournage du film, j'ai trouvé les making-ofs bien plus intéressants que le film lui-même, limite mieux mis en scène alors qu'il s'agit de rushs, preuve qu'il y a un problème concernant la réalisation de ce long-métrage. La scène la plus exemplaire à ce niveau-là étant sans nul doute celle du saut en parachute, filmée pour de vrai et ayant nécessité pas moins de 111 sauts… une fois à l'écran, on a surtout l'impression de regarder un truc qui aurait été tourné sur fond vert : c'est moche, mal rythmé, les réactions de Simon sont insupportables. L'une des nombreuses forces du cinéma est d'arriver à rendre crédible ce qui ne l'est pas, avec Largo Winch II, Jérôme Salle est arrivé à faire ressortir comme fake le réel : un exploit.
L'occasion de préciser que, comme pour le premier épisode, Tomer Sisley a assuré lui-même l'intégralité de ses cascades, se dispensant donc de doublure. Si ça reste un minimum admirable, il est en l'occurrence encore plus mauvais que dans le précédent au niveau de l'acting. Tant pis pour lui, le premier Largo Winch sera bel et bien le pinacle de sa triste carrière… et m'étonnerait qu'il arrive à se surpasser dans le troisième et dernier épisode, considéré par beaucoup comme encore pire que les précédents. Hâte de voir ça !
Plus positifs, tout comme pour le premier film, l'équipe a évité le tournage en studio, préférant partir à Hong Kong, en Thaïlande ou encore en Belgique en fonction des besoins du scénario. Autre élément que j'ai apprécié, le running gag avec Gauthier (Nicolas Vaude) recherchant Simon Ovronnaz. Ce n'est pas grand-chose, mais ce sera toujours ça de pris.
Bref, la suite oubliable d'un film qui se suffisait à lui-même, qui n'était clairement pas sans défaut, et qui était de toute façon déjà très dispensable, Largo Winch méritait décidément bien mieux.