Est venue pour moi l’occasion de parler d’un film qui m’a littéralement emballé, mais toutefois à prendre avec des pincettes car il ne fonctionne QUE sur la sympathie du public : Last Caress. Un bain d’esthétique pure et de glam gore savoureux, rendant de vibrants hommages et s’autorisant tous les écarts qu’il souhaite, mais s’entichant pour le coup d’acteurs plus mauvais les uns que les autres et d’un scénario prétexte. Un film qu’on apprécie ou qu’on déteste.


Tout, absolument tout dans ce projet complètement allumé est un prétexte pour faire un film ultra référentiel. Il est clair que l’esthétique étant connue (elle a fait le succès d’Argento), on a vite compris le principe du film, qui est d’aligner les scènes fantasmes les plus folles des auteurs du scénario. Et on comprend cela dès les 10 premières minutes, où notre artiste se fait tout simplement zigouiller la gueule dans une scène pratiquement pompée sur Profondo Rosso, mais qui parvient à en saisir la grâce, notamment avec ses multiples coups de hachoirs qui font jaillir le cœur de la victime, encore palpitant, qu’un dernier coup de hachoir va définitivement stopper. Convaincu ? Les coquilles abondent dans ce film, qui ne tient que par la volonté référentielle de ses réalisateurs. Les acteurs masculins sont par exemple assez effacés et complètement inutiles. A l’exception d’Anthony Cinturino (qui campe un tueur impitoyable plus italien qu’une pizza aux spaghettis-parmesan), aucun des personnages ne parviendra à vous marquer l’esprit. Et que dire des femmes ? Si celles de l’introduction faisaient un minimum d’effort pour jouer un rôle (vénéneux ou frivole), les potiches du groupe d’amis ne sont là que pour une chose : montrer leur seins et se faire tuer. Elles jouent les meubles, elles meublent leur dialogue par des poses lascives laissant entrevoir leur décolleté… Bref, c’est un produit sans aucune ambition réflexive.


Mais quelle ambiance ! Dynamisé par une bande-son électro de Double Dragon (qui nous avait déjà dynamité les oreilles pour le trailer de la 4ème édition des Hallucinations collectives), magnifiquement éclairé par le travail d’Anna Naigeon, chaque scène transpire le cri d’amour du fan de ces péloches ritales qui sont pour certaines devenues des chefs d’œuvres. Et quand ce n’est pas pour le plaisir des yeux, c’est pour le bonheur de faire de bonnes scènes d’exploitation. Une bonne scène de sexe comme on en avait du temps de Jean Rollin (remember La nuit des Traqués), des meurtres gores taillés pour le plaisir de l’étripage massif et sommaire, et enfin un tueur charismatique, dont l’arme favorite, un poing américain amélioré, vous laissera un souvenir percutant. Rien à retenir, mais tout reste en mémoire, comme cette scène de Nunsploitation sortie de nulle part où des nonnes torturent une sorcière en lui lacérant la poitrine avec des ronces (du lierre en plastique) avant de la fouetter avec des roses. Tout pour le plaisir du fan ! Jusqu’à un final complètement déjanté qui ose faire intervenir les esprits et nous caresser une dernière fois les mirettes d’une belle scène comme on les aime. Pour l’anecdote, Rurik Sallé (chroniqueur de Mad Movies aussi chauve que populaire) est crédité au générique. Mais après avoir vu le film deux fois, je ne l’ai toujours pas trouvé. Soit il y a eu une coquille de montage (et un fan tordu a pris ses désirs pour des réalités) soit il est déguisé en nonne le temps d’une scène (et ça non plus, ça ne me surprendrait pas, le petit coquin !). Sinon, Last Caress est un film totalement inutile, mais c’est aussi un OFNI dans le paysage cinématographique français (le seul qui s’en rapproche reste Amer, et là encore, les ambiances sont radicalement opposées, Amer faisant de l’art là où Last Caress fait de l’exploitation). Pur objet de détente, chacun a matière à se faire son avis. Précisons que les personnes qui l'apprécient sont rares, ses détracteurs martelant la vulgarité et la régression fantasmago-thématique du duo de réalisateurs. Sans doute faut-il un peu de complaisance et de mauvais goût pour garder le cap...

Voracinéphile
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le 5 déc. 2015

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