Last Seduction
6.7
Last Seduction

Film de John Dahl (1994)

John Dahl s’est surtout fait connaître au début des années 90 pour la trilogie Kill me again (1990), Red rock west (1992) et Last Seduction (1995). Trois films noirs qui eurent pour vertu de dépoussiérer le genre, renouvelant codes, décors et personnages. Last Seduction revisite ainsi le personnage de la femme fatale : une garce mémorable, parfaitement incarnée par Linda Fiorentino. Brillamment dialogué, salé à point et accompagné d’une bande originale immersive, Last Seduction fait l’objet d’une réédition par Elephant Films dans un combo blu-ray + DVD et DVD collector.


De New-York à Pétaouchnok
Contrairement à ce que semble annoncer le premier plan du film, Manhattan s’éveillant sur quelques notes jazzy, la ville n’est pas le décor choisi par John Dahl pour son intrigue. Fuyant New-York avec 700 000 dollars confisqués au nez et à la barbe de son mari indélicat, Bridget Gregory a comme première intention de filer incognito sur Chicago. Mais l’option est risquée car prévisible. Pourquoi donc choisir la capitale de la pègre où son époux, fort marri, a toutes les chances de la retrouver alors qu’il y a tant de trous paumés où se planquer ? L’executive woman jette alors son dévolu sur Beston, une bourgade qui ne compte qu’un unique bar. L’un des clients, Mike, tombe sous le charme de cette citadine sexy en diable. A ses risques et périls.


Salacité et immoralité
Mari trompé, amant abusé, femme manipulatrice, John Dahl ne cache pas ses sources d’inspiration. Il y a l’ombre de Barbara Stanwick (Assurance sur la mort) et de Sharon Stone (Basic Instinct) derrière le personnage de Bridget. De fait, la rupture avec les codes du film noir ne tient pas tant au changement de décor, le jour plutôt que la nuit, le patelin plutôt que la cité, mais bien dans le traitement d’archétypes à contre-emploi. Ainsi, la figure emblématique du privé se trouve particulièrement ridiculisée. Humiliée même. Et plus généralement, les hommes prennent cher dans un scénario qui les leur coupe. Exit le mâle assuré et rassurant, les Mike Hamer et les Sam Spade. Ici c’est madame qui pilote. Et il vaut mieux accrocher sa ceinture ! Pour autant, le film se démarque moins par l’érotisme émanant de son personnage principal que du fait de son audacieuse immoralité.


Girl power
Il faut dire que Bridget n’entend ni se laisser cogner (son mari l’a frappée, elle se tire avec tout le blé), ni se voir refuser à boire sous prétexte qu’elle n’a pas demandé comme il faut. « Il faut sucer pour boire un verre ou quoi ? » assène-t-elle au barman ahuri. Et lorsque ce coquelet en rut de Mike lui annonce, en guise de présentation, être monté comme un âne, la fille de vérifier illico le vrai du faux d’une telle affirmation. A cet égard, Last Seduction n’a pas volé sa réputation de film noir féministe. Aussi radicale qu’en soit la démonstration. Cela tient en grande partie à la personnalité de Linda Fiorentino. A John Dahl qui s’inquiétait de la réputation sulfureuse de l’actrice sur les plateaux, elle répliqua : « Ecoute, tu me fais jouer une salope sexy, alors t’étonne pas si ça tourne mal ! » Laissant le réalisateur subjugué.


A découvrir.


7.5/10


Critique à retrouver sur le Mag du ciné

Theloma
7
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le 30 oct. 2020

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