"Look, I've read all the books. I know that in 10 years we'll be ...

... bosom friends with the Germans and the Japanese. Then I'll be pretty annoyed that I was killed."


The Young Lions se meut dans l'espace cinématographique avec une pesanteur pas loin d'être pachydermique, le genre de film de guerre qui avance dans un jus particulièrement académique, orné d'une mise en scène très consensuelle. Mais cela étant dit, cela ne l'empêche pas d'exhiber certaines qualités. Dans son registre, on peut assez clairement affirmer qu'il s'agit du haut du panier et que tous les différents intervenants, scénaristes, acteurs, chefs opérateur, ont fait du mieux qu'ils ont pu dans l'espace qui leur a été laissé par les conditions de production.


Ce qui structure le plus cet académisme, sans connotation nécessairement péjorative, c'est cette narration parallèle suivant les parcours respectifs de trois personnalités très (trop) bien délimités : Marlon Brando en officier allemand vaguement apolitique de la Wehrmacht ayant beaucoup de considération pour l'honneur dans la guerre et à la fois désintéressé par les fous du nazisme et opportuniste dans ce que les nazis pourraient provoquer comme changement en Allemagne mais qui ne comprend pas grand-chose au conflit, Dean Martin envoyé de force au charbon qui n'était pas très volontaire pour risquer sa peau au combat, et Montgomery Clift en juif qui subit l'antisémitisme jusque dans les rangs de l'armée. Tout ça est extrêmement codifié, très scolaire et didactique par moments (notamment tout ce qui se passe du côté américain, avec une grosse séquence rédemption autour d'une rivière, très gros sabots), et tout le classicisme de la mise en scène ne peut rien y changer. Tout juste peut-on apprécier les apparitions de Maximilian Schell et Lee Van Cleef — pas instantanément reconnaissable sans sa moustache-spaghetti.


La structure en portraits croisés pousse le vice de la tragédie académique jusque dans le dénouement et dans la façon qu'ont les trois fils de se rejoindre, à la fin de la guerre, avec l'un des trois protagonistes tués par les deux autres, qui finira la tête dans le caniveau en bordure de forêt. Mais bon, les prestations de Brando, ça reste un péché mignon à titre personnel... Il arrive à donner corps à cette idée d'obéissance aux ordres qui ressemble à une foi, de plus en plus vacillante, même si sa progression psychologique reste très balisée. Comme autre bon point on peut relever la séquence dans un camp de concentration tout juste libéré, qui parvient à gérer avec sobriété ce traquenard poussif et délicat.


https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Le-Bal-des-maudits-de-Edward-Dmytryk-1958

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le 26 juin 2023

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Morrinson

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