Cette adaptation d’un roman de Stephen King n’est pas la plus connue et pas celle non qui a reçu les meilleures critiques. Échec cuisant à sa sortie, il mérite pourtant mieux que sa piètre réputation. Fort d’un roman de plus de 700 pages, l’adaptation n’était évidemment pas aisée. Cependant, le récit se tient parfaitement à l’écran avec un scénario totalement cohérent et un script qui avance à la bonne vitesse. S’il ne peut (forcément) pas rendre compte de la richesse des divers protagonistes, le film parvient, malgré tout, à donner une certaine épaisseur à ses différents personnages, lesquels sont tous impeccablement incarnés, Max von Sydow en tête. Mieux que cela, cette satire des mœurs américaines régentées par l’envie, l’argent et le pouvoir délivre son message avec efficacité à travers les plans machiavéliques de son auteur. Plutôt que d’avoir cherché à provoquer l’effroi par son histoire, le scénariste à réussi à le créer à travers le portrait de ses personnages qui sont, quant à eux, réellement effrayants. C'était le projet de Stephen King et, en ce sens, son récit n'est pas dénaturé pour succomber dans le sensationnel.
Ceci étant, l’ensemble cruellement de personnalité au niveau de la mise en scène. Fraser Clarke Heston, qui prit le relai de Peter Yates, n’avait jusque-là travaillé que pour la télévision et sa réalisation manque cruellement de personnalité. On sent que son travail se limite à mettre en images le script sans y apporter la moindre touche personnelle. Aussi, quand le script a tendance à être plus faible, il ne parvient pas à contrebalancer ses carences. C’est, à ce titre, que le final ne réussit pas à éviter le propos moraliste maladroit avec un discours du personnage principal qui parvient à retourner tous les villageois contre celui qui leur a causé tant de misères. Didactique et expéditif, ce final est très en retrait d’un film vraiment très sympathique qui sait utiliser les codes du genre tel qu’on pouvait le faire dans les années 1990 sans tomber dans la surenchère.
Le résultat, s’il n’atteint pas les grandes réussites transcendées, à chaque fois, par un réalisateur de grand talent, vaut bien mieux que certaines autres qui connurent, malgré tout, un succès d’estime, notamment au cœur des années 1980-1990 où toutes ses adaptations ne furent pas une réussite. On pourra donc redonner une chance à ce titre qui vient tranquillement se placer derrière les Carrie, Shining, Christine, Dead zone ou autre Misery. Un film fantastique qui ne révolutionne pas le genre mais qui accomplit parfaitement sa mission.
6,5