Le Blé en herbe par Maqroll
Un film d’une folle et désarmante audace, qui raconte l’entrée en amour d’un jeune homme de seize ans avec une femme qui a trente ans de plus que lui. Un film tout simplement inimaginable de nos jours puisqu’il ne passerait pas la censure, barré de ce mot tellement à la mode de « pédophilie ». Pourtant, tout ce qu’il donne à voir, c’est l’amour entre un homme et une femme, un amour qui transcende les générations et relève seulement de la nature et des pulsions. Ce n’est ni une plaidoirie ni une thèse, juste la revendication du droit à aimer l’autre, quel qu’il soit, du droit de vivre finalement. Edwige Feuillère, dans un rôle impossible a priori, est bouleversante tout à la fois de maîtrise et de passion tandis que le jeune Pierre-Michel Beck est d’une justesse étonnante pour son âge. Dans le rôle de la jeune fille d’abord délaissée puis retrouvée, Nicole Berger, trop tôt disparue à trente-trois ans dans un accident de voiture, se révèle une comédienne éblouissante. Quant à la mise en scène de Claude Autant-Lara, elle est d’un classicisme parfait, exposant cette histoire brûlante d’une manière remarquablement pudique, sans aucun effet facile ou tape-à-l’œil.