Un thriller efficace, de facture classique, et dont le titre comme l'intrigue sont d'évidentes références à L.A Confidential. Tourné à Casablanca, avec des acteurs d'origine maghrébine ou proche orientale, interprété en arabe, c'est pourtant une production dano-suédoise, dans laquelle on retrouve tout le savoir-faire de ces deux pays en matière de films (et de séries) policières. L'action se déroule au Caire et propose un aperçu peu reluisant de la société égyptienne au moment de la fin du règne de Moubarak. C'est notamment un euphémisme que d'affirmer que la police y est totalement corrompue, même si évidemment un point de vue scandinave en la matière ne peut guère être que sévère : rappelons qu'une ministre suédoise a du démissionner pour avoir acheté avec sa carte bancaire professionnelle une barre chocolatée dans un aéroport...


Après, ça fonctionne très bien, c'est bien rythmé, même si l'intrigue est parfois un peu confuse. Beaucoup de plans rapprochés, qui donnent au spectateur l'impression d'une métropole grouillante pour ce qui est des quartiers populaires. Et aussi villas de luxe, quartiers sécurisés, hôtels chics et 4x4 noirs s'agissant des oligarques. Plutôt réussi, à vrai dire, pour ce qui est de décrire une société inégalitaire et franchement pervertie par le pognon. Pas mal de clairs-obscurs en plans larges également, rien à dire le film est franchement réussi esthétiquement parlant et constitue une véritable immersion dans l'ambiance de cette ville, du moins telle que je l'imagine car je n'y suis jamais allé. Et puis, comme je l'ai écrit plus haut le film a été tourné à Casablanca ! Mais bon, c'est la magie du cinéma après tout.


Un mot pour terminer sur l'acteur Fares Fares, qui joue le rôle principal. Celui d'un grand flic costaud - du classique - mais qui a une vraie présence à l'écran et surtout une gueule incroyable, avec son grand nez et sa raie sur le côté. La plupart des seconds rôles, archétypes de personnages de films noirs pour la plupart (commissaire ripou, femme fatale, proxénète, magnat de l'immobilier...), sont interprétés par de surprenants acteurs (dont certains sont français) et rendent un hommage réussi à un genre cinématographique pourtant un peu tombé en désuétude ces dernières années, du moins au cinéma, car - en même temps - abondamment exploité par les séries.

Marcus31
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le 23 juil. 2017

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