Clint the legend
Hagiographe de l’Amérique, Eastwood a trouvé un filon fertile, celui des héros incompris et lâchés à la meute ignorante, qui savoure davantage le lynchage que les simples louanges. C’était le cas de...
le 20 févr. 2020
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C'est avec beaucoup de recul que j'écris ces quelques lignes sur Le Cas Richard Jewell. Clint Eastwood est pour sûr l'un de mes réalisateurs préférés, du moins il est pour moi la plus grande star du cinéma. Une icône. Une idole. Le grand Monsieur, du haut de son mètre 93 et 89 ans propose chaque année une réalisation et chacun se demande si ce sera la dernière.
Mais voilà de quel bois est fait cet homme incroyable. A bientôt 90 ans il signe encore un film qui vaut définitivement le détour. N'est-ce pas la marque des plus grands ? N'est-ce pas un signe du talent du Monsieur ? Ou même un signe que c'est dans les vieux pots qu'on trouve les meilleures saveurs ou confitures ou recettes. Les cyniques pourraient y voir la mort du cinéma dans des films actuels très peu convaincants. Les optimistes y verraient plutôt une nouvelle occasion de crier qui le cinéma est beau, avec des légendes à part.
Bref, Le Cas Richard Jewell porte bien son nom car il soulève une problématique à ma réflexion. Faut-il juger ce film en prenant en compte l'âge du réalisateur ? D'emblée la réponse pourrait sembler évidente, mais à l'heure du tout politique et des choix des studios douteux de prendre des femmes pour traiter des personnages féminins ou des réalisateurs de couleur pour mettre en scène des films avec des personnages issus de certaines "minorités", la question me taraude et revient en tête.
Alors oui, il faut prendre le film en tant que tel en ne prenant pas en compte qui le fait pour peut être avoir plus d'objectivité. Mais voilà, quand on parle des monstres sacrés du cinéma il m'apparaît relativement difficile de faire abstraction de nom du réalisateur. Il en est de même pour un Spielberg ou un Tarantino, je veux dire par-là que les noms prennent souvent le pas sur les œuvres.
Alors La Cas Richard Jewell a absolument tout d'un film d'Eastwood. Les personnages sont le cœur du film, et l'amour du protagoniste principal pour ses passions, les gens ou son pays en font un caractère prédominant. C'est la force du réalisateur, de nous proposer des personnages forts, qui semblent être comme tout le monde et à qui il arrive des événements invraisemblables. Le Cas Richard Jewell est prenant et assez édifiant face au poids de la politique et des médias dans nos vies, capables et coupables de prendre des gens presque au hasard pour vendre un quelconque intérêt, quitte à détruire des vies. C'est moche, mais le propos de Clint Eastwood est fort. Le pouvoir c'est souvent moche.
Comme il est fort d'une nouvelle fois vanter sa fierté d'être américain, en douceur et avec de la retenue. Je n'ai jamais aimé les critiques disant qu'il était fasciste sous prétexte qu'aimer son pays était une tare. Je trouve ça beau, et encore plus beau de voir comment c’est fait à l'inverse d'un Roland Emmerich indigeste et forceur. Et c'est un français parmi les français qui écrit ça, peut être la chose qui le plus de non-sens dans tout ça. Les français nous n'aimons pas en majorité la France, toujours à critiquer, et pourtant, on adore Clint.
Si on prend en compte l'âge du réalisateur à la vision du film, on pourra y voir un regard perçant de la société actuelle. Mais plus encore, on y voit là une oeuvre forte mais insoupçonnée d'un vieil homme qui se dit que tout part en vrille.
Le talent c'est pas quelque chose qui se perd avec l'âge sous peine d'avoir quelque chose de vrai à dire. Et ça, Clint Eastwood n'en manque pas de talent... et d'humilité. Comme son personnage de Richard Jewell finalement... parfaitement interprété par un acteur attachant, nouvelle démonstration de la qualité de directeur d'acteurs de Clint.
Mon avis se veut totalement subjectif parce que le cinéma c'est une affaire de sensibilité.
7/10.
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Créée
le 20 avr. 2020
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