1958 : l’année où le rouge sang est devenu couleur officielle du gothique

On ne présente plus le studio britannique de la «Hammer», spécialiste du cinéma de genre, à l’origine de nombreux chefs d’oeuvre du fantastique et de l’horreur durant une bonne vingtaine d’années.

Soucieuse d’élargir son marché à l’international en plein coeur des années 50, la société décide à cette époque, de produire une nouvelle adaptation de «Frankenstein» (après celle célèbre du studio américain «Universal» avec Boris Karloff).

Le triomphe aussi phénoménal qu’inattendu du film va véritablement ouvrir la boite de pandore pour le studio qui va poursuivre sur cette voie avec succès en revisitant d’autres classiques d’«Universal» comme «Dracula».

Premier d’une longue série, ce film est véritablement le seul qui reprend dans les grandes lignes le roman gothique de Bram Stoker. Les puristes pourront tout de même émettre quelques réserves, le scénario présentant des différences importantes mais qui n’ont finalement aucune incidence sur la qualité exceptionnelle de ce film. Pour n’en citer que quelques unes : La lumière du soleil est mortelle pour les vampires dans le film alors que dans le roman, il ne fait que réduire leurs pouvoirs surnaturels. Dracula est au début du livre, un vieil homme qui devient de plus en plus jeune en se nourrissant de sang alors que dans le film, il a toujours le même l'âge. Ici, Mina est la femme d'Arthur et Lucy la sœur de ce même Arthur et la fiancée de Jonathan, tandis que dans le roman, Mina est la fiancée de Jonathan et Lucy celle d'Arthur...

Mais la différence la plus notable réside dans le fait que le film se concentre considérablement plus sur le personnage du docteur Van Helsing (joué par l'incontournable Peter Cushing) que sur Dracula lui-même. On voit finalement peu le comte sanguinaire interprété pour la première fois par Christopher Lee. Pour preuve, l’acteur n’a que 13 lignes de texte en tout et pour tout. Un choix judicieux (précurseur du «Slasher») pour déshumaniser et rendre proprement fascinant ce «monstre» impressionnant et charismatique, symbole obscur du rejet d’une société religieuse et moralisatrice.

Près de 60 ans après sa sortie, nous avons là un authentique bijou, magnifique (la photographie et les décors sont bluffants), inattaquable, indémodable, ce «Dracula» reste et restera une véritable référence du genre.

Massimiliano_N
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le 29 juin 2025

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