Juillet 2009


Décidément, Philippe de Broca revient souvent sur le même personnage, une sorte de gamin qui découvre plus ou moins l'âge adulte vers les quarante balais. L'incorrigible reste espiègle, c'est sa respiration. Le magnifique découvre l'amour et retient enfin la réalité. Ici Rochefort, dans un film volontiers comique mais aux grands coups de pinceaux dramatiques, se prend la quarantaine en pleine poire. Il vieillit et n'assume pas vraiment. Est-il temps d'arrêter de cavaler? "Toujours enfant et jamais adulte" semble être sa devise. Peut-il changer et grandir? Le film n'en donne pas la réponse. Il pose juste la question. Tout le film est cette question.


Sur son scénario, De Broca demande à Audiard de mettre des dialogues très chaleureux, moins exubérants qu'à l'habitude. C'est toujours bon se le rappeller : Audiard n'est pas qu'un ajusteur de bons mots sur des personnages plein de gueule ; il sait aussi manier le verbe avec retenue et réalisme, taquinant les couleurs pastel de temps en temps.


Le lumineux Rochefort incarne avec maestria son personnage d'enfant paumé et solitaire dans la foule des gens qui l'aime. En un clin d'oeil, en un froncement de sourcil, il développe toute une gamme de sentiments, d'émotions, à partir de rien. Un sourire, un oeil vague et c'est la nostalgie qui effleure. Deux yeux ronds et le bonhomme découvre l'effroi de songer que sa femme puisse le tromper. Rochefort est un acteur génial, un séducteur irrésistible.
Pour entourer cet électron trop libre, De Broca nous a concocté un casting de premier ordre, en qualité comme en quantité, des petits rôles forts sympathiques. De la radieuse Danielle Darrieux à la beauté soixantenaire jusqu'à la voluptueuse Nicole Garcia, c'est une troupe pleine de grâce et de finesse qui s'est satellisée pour permettre à Rochefort de briller.


Surtout cette petite mise en scène qui se met à transporter sur quelques secondes le film vers des sommets de poésie et de tendresse, un "truc" que De Broca nous sert presqu'à chaque fois, une surprise, un moment d'une chaleur particulière qui le place aisément parmi mes auteurs favoris.


Devant un si joli film, je ne peux m'empêcher de pester contre TF1 video qui se contente encore une fois du minimum. Un dvd à l'image correcte chez TF1, ce doit être juste une question de hasard.
Donc ici c'est à la limite de l'offense : peu de netteté, une photographie un peu crachante. Ya pire, certes, mais tout de même.

Alligator
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le 9 mars 2013

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Alligator

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