Reparcourant les films les plus cultes de Robin Williams, ici doublé à ses débuts par le regretté Patrick Floersheim, la voix française suivant de peu le décès de l'illustre acteur, je réparais la bévue de n'avoir pas vu ce film considéré comme un chef-d'oeuvre.
Un petit côté Will Hunting dans le professeur marginal qui va prendre en charge une classe ordinaire, et un gros clin d'oeil à Madame Doubtfire dans la composition de plusieurs personnages dans l'imitation des poètes.


Ce film de 1989 marque la continuité des films cultes de Williams, à l'instar de Good Morning America, dans lesquels il n'est pas particulièrement hilarant, mais touchant et apaisant.
Néanmoins, malgré ces beaux messages mis en exergue par le praticien pour dézinguer l'ordre établi, apprendre à penser par soi-même dans un enseignement scolaire pédagogique est en effet très dérageant car les élèves ainsi instruits ne pourront plus être les pions d'une société de consommation faciles à manipuler et effrayer.


Tout aurait pu bien se passer : ses collègues aguerris auraient pu se contenter de leurs petites remarques perfides & futiles, commentaires abscons dont on se passe, tel le Docteur Patch où ses méthodes peu orthodoxes font mouche et sauvent des vies.
Les élèves apprennent à changer d'angle, prendre du recul, penser sans être abruti par celle d'un autre, avec un libre arbitre tout en se révélant des passions auxquelles les parents seront sans appel ni consentement, mais abouties grâce à cet enseignement exceptionnel : le professeur qu'on aurait tous rêvé d'avoir, qui t'apprend réellement quelque chose d'utile qui te sert le restant de ta vie, quel que soit ton métier.


Mais cette fin vient tout gâcher avec ce père envoyant la vedette de la grotesque comédie théâtrale à l'académie militaire puis faire sa médecine, gâchant et décidant de sa vie à sa place, le conduisant inéluctablement au suicide.
Une "enquête" à la demande du père du défunt sera ouverte & menée pour débusquer l'auteur d'un crime que lui seul a commis, incapable de se rendre compte de sa pauvre bêtise, vu que c'est avec le peu de matière grise dont il dispose qu'il juge.
A moitié balancé par le fayot de service, contraints de signer sous l'autorité parentale et professorale, tous les élèves signent l'arrêt de mort de Robin Williams, au bûcher, fin rideau !


Moralité : Apprend à te surpasser, te révéler, penser par toi-même, ne plus être un mouton ni systématiquement réfractaire à un ordre mais à se demander pourquoi et faire en dehors de tout conformisme, modelé à son image, sois le meilleur professeur de la vie et on te tuera ?
Voilà le message ??
Ah non, à la fin "capitaine, mon capitaine", tous les élèves... Tous ? Non, une poignée d’irréductibles, n'appartenant pas au cercle fermé des poètes dix par rues, restent recroquevillés sur leur table, regardant leur sinistre pupitre de trop près.
Alors l'erreur est réparée, ils ont tous signé son éviction mais l'ont salué avant de partir.
Tout va bien, générique "that's all folks", à vous les studios Cognac Jey.


Difficile de passer au travers, ça reste coincé dans la glotte et ça taquine la luette, cette fin.
Ce suicide prématuré, cette délation forcée du seul innocent de l'histoire, dénoncé par ses propres admirateurs, dont le seul crime est de réciter des poèmes et d'en composer parfois.
Comme si les scénaristes s'étaient fait dessus au trois quart du film aboutit et s'avouaient trop tard pour tout refaire : on va annuler tout le début avec la fin. Finalement non, ne faîtes rien de tout ça car si vous suivez vos rêves, vous périrez, et un honnête professeur vivant dans le placard à balais d'Harry Potter va perdre son emploi.


Un cercle vicieux, en somme.

SebRendly
6
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le 4 août 2020

Critique lue 211 fois

Seb Rendly

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