En 1997, Jason Statham a encore tous ses cheveux, Dwayne Johnson commence à peine les anabolisants, Tom Cruise ne se prend pas pour le plus grand cascadeur du monde et Vin Diesel passe son permis. Alors que Nicolas Cage et Will Smith tentent de lui ravir sa place, Bruce Willis reste alors LA star du cinéma d’action (les Schwarzy, Stallone et Van Damme entamant alors chacun leur traversée du désert). 
Dans Le Chacal, Willis héritait, pour la première fois de sa carrière, du rôle du "méchant" (si l’on excepte son rôle de mari violent dans Pensées mortelles) et faisait face à une autre star, Richard Gere, plus habitué aux comédies romantiques et thrillers torrides. Réalisé par Michael Caton Jones, cinéaste respectable sans être génial (Rob Roy), ce remake du film The Day of the Jackal (Chacal en français) de Fred Zinnemann et seconde adaptation du roman éponyme de Frederick Forsyth rencontra un semi-succès en salles avant d’être quelque peu oublié, la faute à un scénario un peu trop balisé et une réalisation abusant d’effets de style assez lassants (trop de raaaaleeeentiiiiiis........).
Le Chacal est-il bon à jeter pour autant ? Bien sûr que non. Sans être un grand film, ce thriller reste agréable à revoir ne serait-ce que par son beau duel de stars, ses seconds rôles remarquables (la trop rare Diane Venora et Sidney Poitier, ici dans son dernier rôle à l’écran), et certaines séquences particulièrement tendues (la traque dans le parking sous-terrain, le test du fusil sur le bras de Jack Black, l’attaque du tueur dans le QG des agents, la poursuite finale dans le métro). Surtout, Bruce Willis se révélait parfaitement crédible dans ce rôle d’assassin glacial et anonyme aux multiples visages, dénué de la moindre empathie et au semblant désabusé et sadique. Son personnage évoque par bien des aspects celui incarné par John Malkovich dans le très bon Dans la ligne de mire (1993) de Wolfgang Petersen. Face à Willis, Richard Gere fait le beau comme à son habitude dans un rôle de prisonnier politique irlandais, déterminé à se venger de l’homme qui lui a tout pris.
S’ouvrant sur un superbe générique voyant défiler des images du soviétisme sur un remix de l’entêtant Superpredators de Massive Attack, le film de Michael Caton Jones aurait assurément gagné à être plus audacieux dans son traitement, l’ensemble de l’intrigue restant hélas trop prévisible et manquant parfois cruellement d’action. D’autant plus que ses quelques incohérences lui font parfois prendre de toutes petites allures de navet (le meilleur assassin du monde loupe totalement son contrat à la fin et canarde la foule à l’aveugle; il a aussi la bonne idée de se teindre les cheveux en blond platine pour passer inaperçu dans la foule (quand Richard Gere regarde sur le quai, il ne peut pas le louper); quant au deus ex machina final dans le métro, il n’explique pas comment le personnage de Mathilda May a fait pour arriver aussi vite; et quid des vilains mafieux russes du début du film ?).
Bref, Le Chacal est un thriller imparfait mais sympa à revoir. Entièrement consacré à la gloire de sa seule véritable star, Bruce Willis, ce remake s’avère trop différent de son modèle pour lui être comparé, le film de 1973 étant plus tourné vers le thriller psychologique et le suspense hitchcockien. Au final la seule grande question de ce Chacal version 97 sera de savoir comment le personnage-titre sera mis en échec. 
Récemment, une seconde adaptation télévisuelle, The Day of the Jackal, est sortie sur Apple tv avec Eddie Redmayne à contre-emploi dans le rôle du Chacal. Peut-être était-ce une bonne idée de moderniser cette histoire d’assassin aussi froid qu’implacable.